Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/356

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avait travaillé à détacher ses coreligionnaires de leur culte et s’était fait aider par le bras séculier dans son œuvre de trahison. Le renégat Paul de Santa-Maria qui, de degré en degré, s’était élevé jusqu’à la dignité d’évêque de sa ville natale, avait quatre-vingt-deux ans (1434) quand, un an avant sa mort, il composa encore un libelle haineux contre les Juifs et le judaïsme, Examen de l’Écriture sainte, sous la forme d’un dialogue entre le mécréant Saül et le converti Paul. S’il est vrai, comme l’affirmaient ses admirateurs chrétiens et juifs, que Paul de Santa-Maria avait de l’esprit, il n’en laisse rien paraître dans ce pamphlet, qui est très orthodoxe au point de vue catholique, mais manque absolument d’intérêt. Un autre rabbin que les prédications de Vincent Ferrer avaient attiré au catholicisme dans sa vieillesse, Juan de Espanya, connu encore sous le nom de Juan l’ancien, de Tolède, publia également de violentes attaques contre le judaïsme. Il écrivit un mémoire sur sa conversion et un commentaire sur le 72e psaume. Dans ces deus travaux, il essaie de justifier son abjuration et engage ses coreligionnaires à l’imiter. Le réquisitoire dressé contre le Talmud par le renégat Jérôme de Santa-Fé, spécialement pour le colloque de Tortose, fut aussi répandu par son auteur comme ouvrage de propagande catholique. Trompés par le zèle, sincère ou hypocrite, d’apostats de ce genre, qui étaient familiarisés avec la littérature rabbinique, bien des esprits faibles se laissèrent entraîner à accepter le baptême.

Il faut d’autant plus admirer le mérite des savants courageux qui, sans crainte du danger, se placèrent devant la brèche pour repousser les assaillants et raffermir la foi ébranlée de leurs frères. Parmi ces vaillants défenseurs, on trouve au premier rang deux des champions énergiques du colloque de Tortose, Don Vidal (Ferrer) ibn Labi et Joseph Albo. Le premier réfuta, dans un ouvrage hébreu, les accusations de Jérôme, et Joseph Albo publia en espagnol, à l’usage de ses coreligionnaires, une controverse religieuse qu’il avait soutenue contre un haut dignitaire de l’Église. Un autre savant juif, Isaac Nathan ben Kalonymos, de Provence, dont le père était originaire d’Espagne, et qui, par suite de ses nombreuses relations avec les chrétiens, était souvent amené à discuter avec