Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/393

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intellectuelles que les conceptions saines de son esprit apparaissent comme une oasis au milieu du désert. Il eut également le mérite de reconnaître et de dénoncer le caractère étranger des additions et des modifications par lesquelles les cabalistes et les faux philosophes essayèrent de dénaturer la religion juive.

Les idées d’Elia del Medigo, de Messer Léon et, en général, de tous les partisans des spéculations philosophiques, furent vivement combattues en Italie par les rabbins venus d’Allemagne. À cette époque, il se trouvait, en effet, de l’autre côté des Alpes plusieurs rabbins allemands que les persécutions avaient chassés de leur pays. L’empereur Frédéric III, qui régnait alors en Allemagne, ne manifestait pourtant aucune animosité à l’égard des Juifs ; il édicta, au contraire, quelques décrets en leur faveur. Mais pendant les cinquante ans qu’il occupa le trône, il gouverna avec une telle indolence qu’on s’habitua à ne tenir aucun compte de ses ordres, et que les ennemis des Juif6 purent accomplir impunément leurs sanglants exploits. De nombreuses villes bannirent leurs Juifs. Parmi les expulsés de Mayence, se trouvèrent deux talmudistes distingués, Juda Menz et Moïse Menz ; le premier émigra à Padoue, où ses coreligionnaires lui confièrent les fonctions de rabbin, et le second resta d’abord en Allemagne, puis se rendit à Posen. D’autres contrées encore de l’Allemagne partirent des rabbins qui allèrent s’établir en Italie, où leur réputation de savants talmudistes leur valut d’être placés comme chefs religieux à la tête des plus importantes communautés. }lais à côté de leur savoir, ils implantèrent en Italie une piété, sincère, il est vrai, mais étroite et quelque peu excessive, croyant de leur devoir de mettre obstacle aux efforts faits par les juifs italiens pour sortir des entraves du moyen âge. Outre Juda Menz, le rabbin le plus considéré de l’Italie était Joseph Colon, qui s’associa à son collègue pour interdire toute spéculation philosophique et toute libre recherche dans le domaine du judaïsme.

La sécurité dont les Juifs jouissaient en Italie et la situation honorable qu’ils y occupaient devaient forcément les signaler au fanatisme haineux des moines. Leur plus implacable ennemi était, à ce moment, le franciscain Bernardin de Feltre, digne élève de Capistrano. Dans ses prédications, il engageait sans cesse les