Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/455

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mourut (avant 1515) probablement peu de temps après son arrivée, et Alaschkar se rendit en Égypte, où ses connaissances étendues et ses richesses lui assurèrent rapidement une situation considérable.

En Égypte, et notamment au Caire, la capitale, se trouvaient également de nombreux fugitifs juifs d’Espagne. Quand les exilés arrivèrent dans ce pays, toutes les communautés juives étaient encore soumises, comme autrefois, à l’autorité d’un juge supérieur ou prince juif (naguid ou reïs). Cette fonction était alors remplie par Isaac Kohen Schalal ou Scholal, homme d’une rare loyauté, très considéré du sultan d’Égypte, et heureux de pouvoir mettre son influence et sa fortune au service des proscrits d’Espagne. Parmi ces derniers, il faut surtout mentionner David ibn Abi Zimra (né vers 1470 et mort vers 1573), élève du mystique Joseph Saragossi, qui s’était fixé au Caire. Instruit, vertueux, riche et chef d’une nombreuse famille, Ibn Abi Zimra acquit très vite au Caire une situation prépondérante et fut regardé bientôt comme la plus haute autorité religieuse du pays.

Un changement politique survenu en Égypte assura aux Juifs espagnols la suprématie sur leurs coreligionnaires indigènes. Dans une bataille livrée prés d’Alep, Sélim Ier, sultan de Constantinople, vainquit le dernier chef des mameluks d’Égypte. À la suite de cette victoire, il s’empara de ce pays ainsi que de la Syrie et de la Palestine, qui en dépendaient (1517), et il organisa l’Égypte de façon qu’elle ne fût plus qu’une simple province turque, gouvernée par un pacha avec le titre de vice-roi. Un Juif d’origine espagnole, Abraham de Castro, fut chargé par Sélim de frapper pour l’Égypte les nouvelles monnaies turques. Grâce à ses richesses, son intelligence et sa générosité, de Castro acquit une grande autorité sur les fonctionnaires turcs et les Juifs d’Égypte. Très charitable, il distribua tous les ans en aumônes une somme de trois mille florins or, et il se préoccupa toujours sérieusement du bien-être de ses coreligionnaires.

Avant la conquête de l’Égypte par les Turcs, les communautés juives de ce pays avaient à leur tète, depuis des siècles, un grand-rabbin qui était investi d’un pouvoir très étendu. Il nommait les rabbins, jugeait en dernière instance les différends qui survenaient