Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/457

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avoir réussi dans la première partie de son entreprise, il ordonna à Abraham de Castro de graver son nom sur les monnaies qu’il frappait. Castro fit semblant de lui obéir et lui demanda de lui faire remettre cet ordre par écrit. Dès qu’il eut cet ordre en sa possession, il quitta furtivement l’Égypte et se rendit à Constantinople, auprès de Soliman II, pour l’informer de la rébellion d’Achmet. Celui-ci, irrité de la dénonciation d’Abraham de Castro, fit saisir quelques Juifs, probablement les amis et les parents du dénonciateur, les jeta en prison et autorisa les mameluks à piller le quartier juif du Caire. II manda ensuite auprès de lui douze.notables de la communauté et les menaça de les faire tuer avec leurs femmes et leurs enfants s’ils ne lui versaient pas une certaine somme d’argent.

La somme demandée était beaucoup trop considérable pour pouvoir être payée par la communauté. Mais à toutes les supplications Achmet répondait par des menaces de mort. Désespérés, les Juifs organisèrent des prières publiques pour implorer la protection de Dieu. Quand une délégation de la communauté apporta au palais d’Achmet l’argent recueilli, qui formait à peine le dixième de la somme réclamée, le secrétaire intime du prince fit mettre les collecteurs aux fers et leur déclara qu’ils seraient exécutés ce jour même avec tous les autres membres de la communauté, dès que son maître sera sorti du bain. Mais pendant que le pacha était au bain, il fut surpris par un de ses vizirs, Mohammed-bey, et d’autres conjurés, et gravement blessé. Il parvint quand même à s’enfuir du palais, mais fut retrouvé, jeté en prison et décapité. Sur l’ordre de Mohammed-bey, les notables juifs furent remis en liberté. Les Juifs d’Égypte célébrèrent pendant quelque temps le jour où la communauté du Caire fut ainsi sauvée (28 adar 1524) sous le nom de Pourim du Caire.

À la suite de l’immigration de Juifs espagnols et portugais, les communautés juives de Jérusalem et d’autres villes palestiniennes gagnèrent aussi en importance et en considération. Dans l’espace de sept ans (de 1488 à 1495), le nombre des Juifs de Jérusalem s’éleva de soixante-dix à deux cents, et vingt ans plus tard (1495-1521) on y trouva quinze cents. L’aisance augmenta également dans la communauté de Jérusalem avec l’arrivée des émigrants.