Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/471

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publiaient des ouvrages rabbiniques d’auteurs anciens ou contemporains, l’établissement de Gerson Kohen n’imprima, pendant un laps de temps assez long, que des livres de prières. Ce fait prouve que la science talmudique était peu cultivée, à cette époque, à Prague. On ne connaît qu’un seul rabbin remarquable de ce temps, Jacob Polak (né vers 1460 et mort en 1535), établi à Prague, mais venu du dehors. Après son homonyme Jacob Berab, il était le talmudiste le plus profond et le plus érudit de l’époque. Jacob Polak, originaire de Pologne, fut le précurseur de cette école qui déploya plus tard, dans l’enseignement du Talmud, une dialectique d’une subtilité raffinée et quintessenciée, et qui atteignit son apogée en Pologne.

Ce dernier pays, qui comprenait alors également la Lithuanie, offrait à cette époque, comme la Turquie et l’Italie, un refuge sûr aux Juifs expulsés ou persécutés ; il servait surtout d’asile à des Juifs venus d’Allemagne.

Pendant très longtemps, la politique du gouvernement polonais resta favorable aux Juifs. Quand Capistrano était venu en Pologne, ses excitations avaient bien troublé l’harmonie régnant entre Juifs et chrétiens, mais cette réaction n’avait été que passagère. Le roi comme la noblesse savaient que la présence des Juifs était de la plus grande utilité pour l’État, parce que leur industrie et leur activité commerciale pouvaient seules produire les capitaux nécessaires au pays. La ferme des impôts et la distillerie de l’alcool étaient presque entièrement entre les mains des Juifs. Ils ne faisaient pas seulement le négoce, mais s’adonnaient aussi à l’agriculture et exerçaient des professions manuelles. Ils comptaient, il est vrai, 3.200 négociants en gros, contre 500 chrétiens, mais on trouvait parmi eux trois fois plus d’ouvriers, tels que tisserands, orfèvres et forgerons. Régis par le statut si libéral de Casimir IV, ils étaient considérés en général comme des citoyens polonais ; aucun signe apparent ne les distinguait des chrétiens, et ils étaient même autorisés à porter l’épée.

Après la mort de Casimir IV, deux catégories d’ennemis essayèrent de faire modifier la situation si favorable des Juifs polonais. Le clergé, d’abord, voyait dans la liberté dont jouissaient les Juifs un outrage au christianisme, et il s’efforçait naturellement de