Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que sa religion n’avait pas le monopole de la vérité et que d’autres religions contenaient également d’excellents éléments. Quand il s’agissait d’expliquer certains mots obscurs de la Bible, il ne craignait nullement, pour en rendre le sens plus clair, de recourir au Coran et aux anciennes traditions musulmanes. Souvent il discutait avec des théologiens musulmans sur les rapports du judaïsme et de l’islamisme, et parvenait à les réduire au silence. Ses connaissances talmudiques étaient très étendues. Il ne s’occupait pas de spéculations métaphysiques, mais tout en n’étant pas véritablement philosophe, il avait des vues très justes sur les divagations mystiques qui, sous le voile de la religion, égaraient les esprits faibles, et qu’il condamnait sévèrement.

Dans tous les temps et dans tous les pays, il s’est trouvé des foules qui ont attribué à certains personnages la faculté de faire des miracles et d’arrêter ou de modifier momentanément la marche des lois de la nature. À l’époque de Haï, cette croyance existait parmi les juifs comme parmi les musulmans et les chrétiens ; elle régnait surtout en Palestine et en Italie. On était convaincu que par des formules magiques, par certaines transpositions des lettres qui forment le nom de Dieu, l’homme réellement pieux pouvait en tout temps opérer des miracles. Pour Haï, de telles superstitions étaient une profanation de la religion, et il les combattait de toutes ses forces. Interrogé par un disciple de Jacob ben Nissim, de Kairouan, sur le prétendu pouvoir magique du nom de Dieu, il répondit que ceux qui prétendaient croire à ce pouvoir étaient des fous ou des imposteurs. Il ajouta : S’il était possible au premier venu de faire des miracles et de déranger l’ordre de la nature par certaines formules, où serait donc la supériorité des prophètes ! Bien coupables sont les thaumaturges qui, pour leurs exploits, abusent du nom de Dieu.

Haï rendit un éclat momentané à l’académie de Pumbadita. Estimé et vénéré par Nissim et Hananel, de Kairouan, par les chéri de la communauté de Fez, le vizir Samuel Naguid, l’illustre Guerschom, de Mayence, et les savants juifs de tous les pays, il étais considéré comme le principal représentant du judaïsme et fut surnommé le père d’Israël. Loin de désirer, comme ses prédécesseurs et même comme son père, le déclin et la disparition de