Page:Graetz - Histoire des Juifs, A. Lévy, tome 4.djvu/52

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maîtres, qu’il n’était pas difficile de trouver alors à Cordoue, lui enseignèrent les sciences profanes et surtout l’arabe. Par suite de la guerre civile que le chef berbère Soleïman, en lutte avec les Arabes et la garde du corps slavonne des khalifes, avait allumée à Cordoue, Samuel, comme beaucoup d’autres Juifs, fut obligé, à l’âge de vingt ans, de partir de cette ville (1013). Les fuyards se rendirent à Grenade, Tolède et même jusqu’à Saragosse. Samuel ibn Nagrela s’établit à Malaga. Il y ouvrit une boutique, mais continua de s’occuper de ses études talmudiques et linguistiques. Outre l’hébreu, l’arabe et le chaldéen, il savait encore quatre autres langues, notamment le latin, le castillan et le berbère. Contrairement à l’habitude de ses coreligionnaires, qui, pour la plupart, écrivaient l’arabe en caractères hébreux, il était très habile dans la calligraphie arabe. Ce fut à son talent de calligraphe autant qu’à ses connaissances linguistiques qu’Ibn Nagrela dut sa haute position.

Affaibli par les guerres civiles et L’ambition des gouverneurs ou émirs, le grand empire hispano-musulman, créé par les khalifes ommoyyades, se morcela, après la chute de cette dynastie, en une quantité de petits États. En 1020, une tribu de Berbères, les Sinhadja, sous la direction de leur chef Maksen, fondèrent dans l’Espagne méridionale un petit royaume indépendant, avec Grenade pour capitale ; Malaga faisait également partie de ce royaume. À Malaga, le palais d’Aboulkassim ibn Alarif, vizir de Habous, le deuxième roi de Grenade, se trouvait à côté de la boutique de Samuel. Une esclave du vizir, qui avait toute la confiance de son maître et était chargée de lui adresser certains rapports, se les faisait rédiger par le petit boutiquier juif. Frappé de l’élégance du style et de la beauté de l’écriture, le vizir voulut connaître le rédacteur de ces rapports. Il fit mander Samuel au palais et le nomma son secrétaire intime (vers 1025). Il s’aperçut bientôt que Samuel avait des idées justes et des vues profondes sur les questions politiques, et il prit l’habitude de le consulter pour toute affaire grave.

À la mort du vizir, le roi Habous, éclairé par son ministre mourant sur le mérite de Samuel, le nomma son conseiller. Les Berbères avaient moins de préjugés contre les Juifs que les Arabes