Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/101

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ici. On arrive à renforcer encore l’effet produit par le rejet à l’hémistiche en terminant le premier hémistiche par un mot à peu près dénué d’importance et qui n’aurait pas d’accent en prose (cf. p. 62) :

Une reine n’est pas | reine sans la beauté.

(Hugo, Éviradnus)

Le contre-rejet. — Enfin on obtient un effet très analogue à celui du rejet au moyen du contre-rejet, qui se présente lorsqu’on commence une proposition dans le vers ou l’hémistiche qui précède celui où elle est contenue pour la plus grande partie :

 … Je médite
Sur la terre bénie | au fond des cieux, | maudite
Au fond des temples noirs par le fakir sanglant.

(Hugo, Toute la Lyre)

Oui, trois de mes cités de Castille ou de Flandre,
Je les donnerais ! — sauf, | plus tard, à les reprendre.

(id., Hernani)

Les deux mille vaisseaux qu’on voit à l’horizon
Ne me font pas peur. J’ai | nos quatre cents galères,
L’onde, l’ombre, l’écueil, le vent et nos colères.

(id., Le Détroit de l’Euripe)

Or le nouveau marquis doit faire une visite
À l’histoire qu’il va continuer. La loi
Veut qu’il soit seul pendant la nuit qui le fait roi.

(id., Éviradnus)