A Méthode de ne faire épeller les Enfans que
les syllabaires seulement, jusqu’à ce qu’ils le
sçachent lire parfaitement sans épeller, a été trouvée
la plus courte & la plus aisée quand on a bien
voulu se donner la peine de leur apprendre
auparavant la valeur & le propre effet de chaque lette
de l’Alphabet ; en quoi consiste le premier, le
véritable & le principal fondement de la lecture :
Il est vrai qu’au commencement, il en coûte au
maître : mais aussi dans la suite l’Ecolier lit tout
seul facilement & en très-peu de tems, sans lire
par routine, mais avec jugement & par raison.
Ceci se doit entendre de la lecture en général : car pour les exceptions, qui sont un abus que l’usage a introduit de certaines Lettres pour d’autres sans aucune nécessité, ou faute d’assez de caracteres ; on ne peut les apprendre qu’avec du tems, comme les trois différens usages du C, du G, du T, & de la lettre X ; les deux significations de u & i & de l’. Celles de ch, gn, ll, & des Voyelles doublées appellées diphtongues, au, ai, eu, ou, oi, & quantité de lettres inutiles qu’il ne faut pas prononcer.
On n’a pas dessein de blâmer ici la maniere ordinaire de faire épeller les Enfans : parce qu’elle a ses commodités particulieres : C’est pourquoi chacun se servira de celle qui lui conviendra davantage.