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Page:Grande Encyclopédie I.djvu/1167

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dose et de ses successeurs jusqu’à l’empereur Sévère ; 2° des extraits et des résumés des œuvres des principaux jurisconsultes romains du iie siècle : Institutes de Gaius, Réponses de Papinien, Sentences de Paul ; 3° quelques parties de deux recueils non officiels de constitutions impériales : les codes Grégorien et Hermogénien. Tous ces textes, excepté les Institutes de Gaius, sont accompagnés d’une interpretatio ou commentaire officiel, qui est extrêmement précieux, parce qu’il nous fait connaître les modifications que les lois romaines avaient reçues dans la pratique au commencement du vie siècle.

Le Bréviaire d’Alaric jouit d’une grande faveur, non seulement dans le royaume visigoth, mais dans toute la Gaule et même dans les pays voisins. Jusqu’au xiie siècle, c.-à-d. avant la diffusion en Europe de l’œuvre législative de Justinien, ce fut le texte de lois romaines le plus répandu, celui auquel font allusion les formules d’actes et les chartes privées, quand elles citent la lex romana. Il nous est parvenu un grand nombre de manuscrits du Bréviaire, ainsi que des extraits ou abrégés de ce recueil, qui furent composés dans le midi de la France et en Suisse, aux viiie et ixe siècles (Summæ legum ou Epitome d’Ægidius, Epitome de Saint-Gall, Lex romana Utinensis, etc…) Une première édition fut publiée, à Bâle, en 1528, par Sichart, sous le titre de Codicis Theodosiani libri XVI. Une édition bien meilleure, avec introduction, notes et appendices, a été donnée à Leipzig, en 1848, par Hænel, sous le titre de Lex romana Visigothorum.Ch. Mortet.

Bibl. : De Savigny, Histoire du droit romain au moyen âge, trad. Guenoux ; Paris, 1839, t. II, p. 24. — Ch. Giraud, Histoire du droit romain ; Aix, 1847, p. 394. — Hænel, Prolégomènes de l’édition citée plus haut ; Leipzig, 1848. — Ch. Mainz, Cours de droit romain ; Bruxelles, 1876-77, 4e édit., introd. no 251. — A. Rivier, Introduction historique au droit romain ; Bruxelles, 1881, 2e éd., § 181, et les auteurs cités par ce dernier.

ALARIO (Ornith.). Le genre Alario de Ch. Bonaparte (Consp. avium, 1852, t. I, p. 519) ne comprend qu’une seule espèce, le Passer alario de Linné, qui se rapproche un peu des Spermophiles et des Bouvreuils (V. ces mots) par la forme de son bec, court et épais, avec les bords de la mandibule supérieure sinueux et légèrement rentrants à

la base. Cette espèce, qui vit dans l’Afrique australe, porte une livrée d’un roux châtain passant au noir sur la tête, la poitrine et les ailes, et au blanc sur l’abdomen.

E. Oustalet.

Bibl. : Reichenbach, Ausländ. Singvögel, p. 40.

ALARIOPSIS. Genre de Mollusques Gastéropodes fossiles, créé par Gemmellaro (1879), pour une espèce (A. clathrata) du jurassique de Sicile qui appartient à la famille des Buccinidæ (V. Buccins fossiles).

ALARME (Art. milit.) (V. Alerte).

ALARY (l’abbé Pierre-Joseph), économiste français, né à Paris en 1689, mort dans la même ville le 15 déc. 1770. Fils d’un apothicaire, il servit tout jeune de secrétaire à l’abbé de Longuerue et fut présenté par lui à diverses personnes influentes ; c’est ainsi qu’il obtint le prieuré de Gournay-sur-Marne, la place de sous-précepteur du Dauphin (plus tard Louis XV), et un fauteuil à l’Académie française, bien qu’il n’ait absolument rien écrit, saut une réponse au discours de réception de La Curne de Sainte-Palaye (1758). L’abbé Alary s’est surtout fait connaître par sa participation aux conférences du club de l’Entresol (c.-à-d. dans son propre appartement de la place Vendôme), sorte d’embryon de l’Académie des sciences morales et politiques, dont les réunions bientôt célèbres éveillèrent les méfiances jalouses du cardinal de Fleury, et qui dut se dissoudre. On a recueilli un certain nombre de lettres de l’abbé Alary dans les Lettres historiques, etc., de Bolingbroke, publiées par le général de Grumoard (1808, 3 vol. in-8) ; d’autres ont été extraites, par M. G. Masson, de la correspondance du cardinal Gualterio conservée au British Museum : l’une d’elles est signée l’évêque d’Eleutheropolis.

Maurice Tourneux.

Bibl. : A. du Pradel, le Livre commode, éd. annotée par Ed. Fournier, 1878, 2 vol. in-16. — D’Argenson, Journal et Mémoires. — Bolingbroke, Lettres, citées plus haut. — Grimm, Correspondance littéraire, éd. Garnier frères, t. IV et IX. — D’Alembert, Eloges académiques. — Bulletin du bouquiniste, 1869.

ALASCO (V. Laski [Jean]).

ALASKA. Territoire connu avant 1867 sous le nom d’Amérique russe. Il est borné au N. ot au N.-O. par l’océan Glacial du N., à l’O. par le détroit et la mer de Behring, au S.-O. par l’océan Pacifique, à l’E. par une ligne conventionnelle qui part de l’embouchure du Simpson à la pointe S. de L’île du Prince jusqu’au mont Saint-Elie et court droit à l’océan Glacial en suivant le 143 o 20’long. E. (méridien de Grcnwich, 141). Cette ligne sépare l’Alaska du Dominion canadien. Ce territoire occupe ainsi l’angle N.-O. de l’Amérique du Nord.

Description générale. — Il se compose de trois parties : 1° le littoral du Pacifique N. jusqu’au mont Saint-Elia ; 2° la presqu’île d’Alaska et les îles Aléoutes ; 3° l’extrémité occidentale du continent américain au N. du 60 e degré de lat. La superficie totale, fies comprises, est 1, 376, 000 kil. q. ; presque trois fois la surface de la France.

1° Le littoral du Pacifique s’étend de l’embouchure du Simpson au Cross sound, à la base du mont Saint-Elie. Il est profondément déchiqueté ; des iles nombreuses aux contours tourmentés, séparées par des canaux dont l’hydrographie n’est pas complètement connue, bordent une côte âpre, dentelée de fjords, encore mystérieux pour la plupart. Le golfe de Géorgie, par lequel commence ce dédale d’archipels est semé d’écueils dangereux qu’on appelle les Sœurs. AuN., dans le pertuis désigné sous le nom de Charlotte sound, les courants sont rapides, mais les fonds sont à 100 brasses. Les iles de la Reine-Charlotte, ainsi nommées en 1787, par Dixon, du nom de son navire, ont une forme triangulaire et sont rangées suivant un axe duS.-E. au N.-O. Cet archipel n’est pas encore complètement exploré. La partie N.-E. est basse, d’accès facile et verdoyante ; le reste est plus ou moins montagneux et très boisé. Au delà, on a reconnu l’existence de trois grandes vallées sous-marines qui courent entre les grandes iles du Prince-de-Galles (8, 593 kil. q.), Koupreanov, Admiralty, Baranov et Tchitchakov (5, 200 kil. q.). Les principaux détroits sont Dixon entrance, Sumner strait et Frederick sound. Dans ce dernier pertuis, aux bords extrêmement irréguliers, on a découvert une rade admirable dont les contours n’ont été relevés qu’en 1881 et qui a été appelée la baie de la Sécurité ; les eaux y sont claires et limpides, les fonds si excellents qu’on peut s’y risquer sans pilote ; le bois et le saumon s’y trouvent en abondance ; la partie orientale présente une montagne nommée le Pouce-du-Diable, mais qui n’a pas été atteinte. C’est dans l’ile Baranov que se trouve la ville de Sitka. Dominée par la montagne aigué de l’Edgecumbe, entourée de hauteurs coniques, pour la plupart boisées, la baie de Sitka est la plus fréquentée de cette région ; ce n’est pourtant pas la meilleure station de la côte ; des écueils et des bas-fonds assez perfides y compliquent les dangers provenant de la force des courants (bancs Keene, Zenobie, Va— silicoc, etc.) et de l’inégalité des marées. Au N.-O. de l’ile Tchitchakov, dont les contours ont encore été fort mal relevés, se creuse un vaste canal désigné sous le nom de Cross sound, tandis qu’au N.-E. se trouve le détroit Glacé (Icy strait). Les eaux de ces passages reçoivent les nappes gelées qui descendent lentement des flancs des alpes Saint-Elie. L’archipel Tchitchakov est le moins connu des groupes du N. Il contient une population assez nombreuse d’indigènes appartenant a la nation T’Iuikit. Les Iles séparées par des canaux, où n’a encore pénétré aucun hydrographe, sont très boisées, giboyeuses, d’aspect rude.

Les alpes Saint-Elie ont, au contraire, un aspect grandiose ; elles commencent par le glacier et le mont La Pérouse qui dresse, à près de 11, 000 pieds, ses roches dénudées, aux profils aigus comme une scie. Le mont Grillon