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Page:Grande Encyclopédie XXIX.djvu/372

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SALISBURY

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croix (archiépiscopale) et mesure 144 m. de long sur 69 m ,7 de large. Malheureusement, les puritains ont brisé les sculptures que Ton a remplacées en 1863-70. On y signale les chapelles funéraires de l’évèque Audley et du comte Hungerford, un chemin de croix menant à la salle capitulaire (octogone). Citons encore les églises Saint-Thomas et Saint-Edmund, un musée riche en documents préhistoriques, une vieille prison, une croix du xiv e siècle sur le marché, etc. — Important commerce de bestiaux. La coutellerie, jadis réputée, n’est plus qu’un souvenir. Salisbury a pris la place de la ville romaine de Sorbiodunum, devenue, sous le nom de Sarum, résidence des rois saxons. Les ruines d’Old Sarum (qui conserva deux députés au Parlement jusqu’en 1832) se voient à 3 kil. N. de la ville actuelle, New-Sarum, fondée au xn e siècle. Au S., sont les ruines du château de Clarendon ; à 15 kil. N., le fameux cercle de pierres levées de Stonehenge.

SALISBURY (Jean de), philosophe scolastique et érudit anglais (V. Jean de Salisbury).

SALISBURY (Comtes, ducs et marquis de). Le titre de comte de Salisbury appartint d’abord aux Longespéc ou Lungespée. — Guillaume de Longespée, fils naturel de Henri II, épousa en 1198, Ela, comtesse de Salisbury, qui lui apporta ce titre. Guillaume, qui avait d’importants domaines en Normandie (notamment Pontorson), joua un très grand rôle à la cour d’Angleterre. Il détruisit en 1213 une partie de la flottille que Philippe de France avait rassemblée dans l’intention de tenter une invasion en Angleterre et l’obligea ainsi à renoncer à ce dessein. En 1216, il passa au service de la France qu’il abandonna bientôt (1217). Après avoir pris part à la croisade et au siège de Damiette (1219), où il accomplit des prodiges de valeur, après être intervenu dans les affaires du Poitou, après avoir accompagné Richard de Cornouailles dans son expédition en Gascogne (1225), il faillit périr au retour dans les parages de l’île de Ré, fut, dit la légende, miraculeusement sauvé par la Vierge à qui il avait une dévotion spéciale, mais mourut (7 mars 1226), peu après son arrivée, empoisonné, dit-on, par Robert de Burgh, qui ainbii ii muait la main de sa femme pour son neveu. — La comtesse Ela, qui mourut en 1261, entra en religion et passa le reste de sa vie à fonder des monastères. — Guillaume de Longespée, fils du précédent, né vers 1212, mort eu 1250, accompagna lui aussi Richard de Cornouailles à la croisade (1240-42), puis Henry III en Gascogne, se croisa de nouveau en 1247, rejoignit Louis IX à Damiette en 1259 et accomplit force prouesses. Il se querella fort avec Robert d’Artois, et saint Louis n’ayant pu rétablir l’ordre, il se sépara de lui et se retira à Saint-Jean-d’Acre. Une réconciliation s’ensuivit, puis survinrent de nouvelles querelles. Guillaume périt bravement dans un combat contre les Sarrasins, près de Mansourah (V. les chroniques de M. Paris, de Joinville, etc.).

Le titredecomte de Salisbury passa, enl337, à William (Guillaume) de Montacute, né en 1301, mort en 1344. Ce Montacute, grand favori d’Edouard III, participa à l’arrestation de Mortimer, qu’il saisit dans les appartements de la reine mère au château de Nottingham. Il guerroya en Ecosse, accomplit diverses missions diplomatiques dans le but de liguer les Etats d’Allemagne et des Pays-Bas contre la France (1337), se battit en Flandre et fut fait prisonnier à Lille en 1340. Remis en liberté après le siège de Tournai (1341), il revint en Angleterre, enleva l’île deMan aux Ecossais, fit une incursion en Bretagne, prit Vannes, assiégea Rennes, partit ensuite en ambassade en Castille et perdit la vie dans un tournoi. Quelques historiens ont prétendu qu’Edouard III était amoureux de la comtesse de Salisbury et que c’est pour elle qu’il fonda l’ordre de la Jarretière. — William Montacute, 2 e comte, fils du préçédent, né le 25 juin 1328, mort le 3 juin 1397, commanda une partie de l’armée du prince de Galles à la bataille de Poitiers (1356), combattit encore en France de 1357 à 1373 et ravitailla notamment Brest assiégée par Du Guesclin. Ambassadeur au congrès de Bruges (1375), il participa aux négociations de 1377 pour la paix avec la France et encore à celles de 1389 et 1392. — John, 3 e comte, né vers 1350, mort en 1400, neveu du précédent, fut un des conseillers les plus écoutés de Richard III. 11 eut une part importante aux négociations de la paix avec la France et du mariage du roi avec Isabelle. Par contre, il fut très impopulaire. Il contribua largement à la chute de Gloucester et de Warwick. Encore ambassadeur en France en 1399, il empêcha le mariage de Henry, duc de Hereford, avec la tille du duc de Berry. A l’avènement de Henri IV, il fut emprisonné à la Tour, mais fut relâché en 1397, malgré les clameurs des habitants de Londres qui réclamaient son exécution. Il prit aussitôt part à un complot contre le roi, mais avec Kent et Lumley il fut saisi par la foule à Cirencester et immédiatement décapité. Sa tète fut exposée sur le pont de Londres. Salisbury, fort attaché à Richard II, grand admirateur des écrivains français et porté vers nos raffinements de pensée et de mœurs, fut en horreur aux Anglais. Les historiens cléricaux l’ont peint sous les plus noires couleurs et l’appellent communément «le partisan des lollards, le contempteur des sacrements et delà religion». — Thomas, 4 e comte, fils du précédent, néen 1388, mort en 1428 (V. MoNTAcu)eut une fille Alice, qui épousa Richard Neville auquel passa en 1428 le titre de comte de Salisbury (V. Neville et Warwick). Ce titre vint ensuite dans la famille Cecil, auquel il lut conféré en 1605 par Jacques I er , en la personne de Robert Cecil (V. ce nom et Cecil [John], Cecil [James]). Le premier marquis de Salisbury (créé le 18 août 1789) fut James Cecil, né le 14 sept. 1748, mort le 13 juin 1823. — Le 2 e marquis fut James Brownlow William Gascoigne Cecil, né 17 avr. 1791, mort le 12 avr. 1868, garde du grand sceau dans le cabinet Derby de 1852 et président du conseil privé de 1858 à 1859. — Robert-Arthur Talbot Gascoigne Cecil, né le 3 févr. 1830, fils du précédent. Brillant élève d’Oxford, il lut élu membre de la Chambre des communes par Stamford en 1853. Il s’appelait alors lord Cecil, nom qu’il porta jusqu’en 1865, il prit ensuite et jusqu’à la mort de son père le titre de vicomte Cranborne. Conservateur décidé, collaborateur zélé des principaux périodiques, en particulier de la Quarterly Jieview, il ne tarda pas à se faire un nom par les consultations qu’il donna sur les grandes questions politiques du temps, surtout sur celles qui avaient trait aux intérêts de l’Eglise anglicane. En 1866, il fut nommé secrétaire d’Etat pour l’Inde dans le cabinet Derby. Démissionnaire le 2 mars 1867, parce qu’il ne pouvait s’associer aux vues de ses collègues sur la réforme parlementaire, il devint le 12 nov. 1869 chancelier de l’Université d’Oxiord. 11 reprit en 1874 les fonctions de secrétaire pour l’Inde dans le ministère Disraeli, puis fut désigné pour accomplir une ambassade spéciale en Turquie (1876), au moment oii des complications se produisirent dans la question d’Orient. Salisbury dirigea les débats de la conférence de Constantinople (1877-78). A son retour, il fut nommé ministre des affaires étrangères (2 avr. 1878). Il représenta l’Angleterre au congrès de Berlin avec Beaconsfield qu’il remplaça après sa mort (9 mai 1881), comme leader des conservateurs à la Chambre des lords. Salisbury opposa la plus énergique résistance à la politique de Gladstone. Il combattit notamment l’Irish Land Act de 1881 et la politique suivie en Egypte. Après la chute de Gladstone (juin 1885), il devint premier ministre, et tomba en janv. 1886 sur la discussion de l’adresse. Mais les unionistes l’ayant emporté aux élections générales, Salisbury reprit le gouvernement. Il se rapprocha de la Triple Alliance et comprima avec une grande dureté l’agitation irlandaise. Parmi les mesures les plus importantes qu’il proposa, il convient de signaler le projet de réforme de la Chambre des lords (1888), et la création de la pairie à vie. Ses grandes qualités d’homme d’Etat étaient fort estimées,