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Page:Grande Encyclopédie XXIX.djvu/678

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SCANDINAVIE

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tion, dans ses assises plus profondes, des seuls charbonnages que possède la péninsule, lui permettent sans doute de jouer un grand rôle dans la vie économique de la Scandinavie, mais toutes les affinités de ce pays plat sont pour les iles danoises qui, de même nature, formaient avec lui, avant l’ouverture tardive (postglaciaire) des détroits, un isthme reliant la Suède avec le Danemark et la Poméranie. Il n’est donc que justice de rattacher ensemble ces diverses parties d’un même tout.

Ainsi débarrassée de son appendice crayeux, la péninsule Scandinave reste d’ailleurs encore assez grande pour comprendre deux Etats et surtout deux populations qui, quoique soumises au même régime politique depuis 1845, sont, entre elles, fort différentes ; différences qui n’ont d’égales que celles présentées aussi bien dans sa nature que dans son aspect par le sol qui les supporte. Dressée tout d’un jet en face de l’Atlantique, et présentant tout l’effort de son relie ! franchement reporté de ce côté, la Scandinavie devient, en effet, par excellence, le pays des contrastes, celui aussi des exceptions ; et tout cela placé sous la dépendance immédiate de la composition du terrain, ainsi que des circonstances qui l’ont engendrée, s’en déduit naturellement. Sur un fond archéen, très uniforme, de gneiss et de granités, une large zone de terrains primaires très anciens (précambriens et siluriens), constitue sans doute, en s’allongeant d’un bout à l’autre de la péninsule suivant son axe, la masse principale du pays ; mais le plein développement de ces assises se fait de préférence sur le versant norvégien où, de plus, elles affectent, avec une prédominance marquée de grès grossiers et de conglomérats (F. smaragditiques), le caractère de dépôts de rivages faits aux dépensd’une ancienne chaîne (Ch. huronienne), rabotée maintenant jusqu’à son socle par l’érosion. Quand ensuite des mouvements postérieurs ont relevé des bandes successives du dilurien en rides montagneuses (Ch. calédonienne ) sur les bords de l’ancien continent boréal précambrien, c’est aussi en Norvège que ces sédiments ont le plus souffert des effets produits par cette énergique poussée. Avec une extrême complication dans les dislocations subies, so traduisant par de fortes inversions de couches, et la résolution en failles de grands plis couchés sur de vastes étendues, ce qu’on y observe, c’est la présence inattendue dans des couches devenues gneissiques (Bergen, haut plateau dellardanger, etc.), decestrilobites siluriens qui, partout ailleurs en Suède, se rencontrent bien conservés dans d’anciennes vases, restées à l’état de simples schistes tendres ampéliteux , tant l’horizontalité primitive de ces dépôts est, dans cette direction, à peine troublée. Ils y sont, de plus, dispersés par lambeaux, assez importants sans doute pour fournir, au début, des saillies assez prononcées (montagne du Kinnekalle) , mais bientôt l’érosion, ayant accompli son œuvre de dénudation, c’est le sous-sol archéen qui constitue à lui seul la contrée plate et basse où s’enfonce le golfe de Botnie. Bien que ces seuls faits expliquent les différences si grandes qui s’établissent en Scandinavie entre les deux pays qui se partagent la péninsule : l’un dans l’Ouest (Norvège), étroit et montueux, au point que toute son activité se trouve condensée sur la côte, en particulier dans sa partie plus éloignée du Sud on deviennent étroites les relations de sa population avec celle de même race installée autour de la mer du Nord ; l’autre, dans l’Est (Suède), beaucoup plus étendu, mais bien moins accidenté, à ce point que la majeure partie de sa surface, en venant se partager entre deux zones, l’une forestière, l’autre, de grandes plaines cultivées, peut largement contribuer au développement sur place d’une population plus sédentaire et qui, par sa situation, même se relie cette fois au pays finnois. Car au delà de cette succession de cuvettes sans profondeur qui constituent le golfe de Botnie, la plate Finlande au sol essentiellement granitique et gneissique n’est autre, en somme, que la continuation de la plate-forme archéenne de la Scandinavie.

Dans son ensemble, cette région, avec son bord ouest vigoureusement redressé sous la forme de la Norvège, vient ainsi constituer, dans le N.-O. du continent européen, une grande unité géographique qu’on peut qualifier de massif finno-scandinave, massif bien homogène que la Baltique échancre à peine sur l’axe érodé d’un dôme (Bouclier b.altique) correspondant à ce gonflement du fond archéen de la Suède et de la Finlande, qui, depuis les derniers temps glaciaires, loin d’être resté stable, n’a cessé d’être soumis à de multiples mouvements d’oscillation.

Quant aux contrastes qu’offre la Scandinavie sous sa forme actuelle, les plus marqués sont ceux qui s’introduisent entre ses deux versants : l’un abrupt, norvégien, S

Fig. 1, — Le massif Finno-Scandinave.

plongeant brusquement vers l’Atlantique ; l’autre, suédois, doucement incliné à l’E. vers les dépressions marines sans profondeur du golfe de Botnie et de la Baltique. Belief, climat, végétation, ma’urs et coutumes des populations qui les habitent, tout est changé.

Dans la topographie, les modifications sont si grandes que la Suède, sur cette pente adoucie, a pu être considérée comme un vrai pays de plaines, tandis que la Norvège devenait une contrée montagneuse, flanquée, à FO., du cap Lindesnœs au cap Nord, d’un bourrelet saillant souvent qualifié d’Alpes Scandinaves, étant donné que, vu de la mer, ce versant extérieur, avec sa brusque saillie, prend l’aspect d’une ride montagneuse escarpée. Mais ce n’est là qu’une fausse apparence ; la ligne d’escarpements qu’on a sons les yeux marque tout simplement le bord vigoureusement redressé d’un plateau très tourmenté, profondément découpé, tout le long de la côte, par les fjords. Et ce sont précisément sur les bandes séparatives de ces découpures que certaines crêtes, se profilant sur l’horizon après leur isolement par l’érosion, communiquent cet aspect-chaîne à la bande du littoral atlantique. Mais c’est surtout l’inspection d’une carte de la Scandinavie qui permet bien d’apprécier le caractère de son relief. Sur celles hypsométriques notamment, les courbes qui délimitent les zones de grande altitude dépassant 1.000 m., au lieu de prendre le caractère d’ellipses allongées, régulièrement emboîtées comme elles le sont dans la représentation des vraies chaînes de montagnes, s’évasent en dessinant de grands espaces plats, aux bords très découpés. Or cette forme devient dans le relief des hauteurs de Scandinavie l’élément dominant. Ce qui le termine, en effet, c’est une zone de hauts plateaux à surface bombée dessinant, dans l’O. de la péninsule, sur une largeur d’environ 150 kil. , une large croupe à ver-