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SEIGLE

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ceuses et arides de l’Europe centrale, septentrionale et occidentale, principalement pour l’alimentation de l’homme ; son grain donne une farine apte à tous les usages culinaires et fournissant un pain sain et savoureux, se conservant beaucoup plus longtemps frais que celui du froment, avantage très apprécié par les populations vivant isolées ; cependant, en dehors du N. de l’Allemagne, de la Russie et de la Belgique et de nos régions montagneuses, le pain de méteil (mélange de seigle et de froment) le remplace de plus en plus. La farine de seigle sert encore, en mélange avec le miel presque en proportions égales , pour la confection des pains d’épice de bonne qualité (Reims, Dijon ; Paris, Chartres, etc.). Le grain de seigle est aussi la matière première principale de l’industrie de la distillerie de grain (eaux-de-vie, gin, wisky, etc.), très importante dans les pays du N. et du centre de l’Europe ; les fabriques de levure pressée l’utilisent également ; il constitue enfin un excellent aliment pour le bétail. La paille est très recherchée comme litière, pour la confection des liens et pour divers usages industriels (paillassons, empaillage des chaises, ruches, chapeaux, emballage, etc.), aucune n’est plus résistante, ni plus solide ; enfin, le seigle est cultivé comme fourrage vert précoce, soit seul, soit en mélange avec d’autres plantes (vesce). Cette plante est très rustique et ne redoute guère que les grandes sécheresses et l’excès d’humidité ; elle végète en Europe sous toutes les latitudes et croit à des altitudes très élevées (Alpes, 2.200 m. ; France, moy. 1.350 àl.ooO m. ; Silésie, 585 m. ; altitudes max.) ; elle est, par excellence, la céréale des régions septentrionales ; la Russie consacre à sa culture environ trois fois plus de surface qu’à celle du blé ; l’Allemagne du Nord deux fuis plus, et I’Autriche-Hongrie autant ; l’Europe fournit, à elle seule, au moins les quatre cinquièmes de la production totale du seigle dans le monde entier. En ce qui concerne particulièrement la France, on constate, depuisl8î0, une diminution de plus de 40 °/ dans l’étendue des surfaces ensemencées en seigle : depuis une dizaine d’années, la moyenne a atteint 1.511.000 hect., elle tend à s’abaisser encore, ce dont on ne saurait se plaindre, puisque la surface consacrée au froment a augmenté en même temps et dans des proportions sensiblement égales : il y a là un indice sérieux de progrès agricole. La valeur totale de notre production (grains et paille) annuelle est évaluée entre 400 et 500 millions de fr. Aux Etats-Unis, contrairement à ce qui s’est passé pour le blé (augmentation de 80 °/ ), et pour l’avoine (augmentation de 125 à 130 %,), la surface, après avoir progressé sensiblement, tend à diminuer progressivement depuis 1894 ; en 1899, elle n’était plus que de 819.300 hect. (diminution 18 %).

Les rendements varient dans de très grandes limites ; leur moyenne accuse, pour la France, dans les six dernières années, des écarts de ll hl , 08 (1897) à 16 hl ,97 (1894), avec un chiffre général de 15 hl ,31, en augmentation sensible sur le chiffre correspondant de la période décennale précédente ; les différences par départements sont peut-être encore plus variées que pour le blé ; ainsi, en I S99, on trouve, dans les moyennes, les chiffres de G 1 ’ 1 , 78 (Lozère) à 25 hl ,10 (Pyrénées-Orientales) ; dans l’ensemble, la région du Nord montre les moyennes les plus élevées ; il n’est pas rare d’y voir atteints les rendements de 35 à 40 hectol. par hect., avec des poids moyens par hectol. variant entre 70 et 75 kilogr. (moy. générale pour la France, 70 à 73 kilogr.). Nos principaux départements producteurs de seigle appartiennent à la région du Centre(Creuse, Haute-Loire, Puy-de-Drime, Cantal, Corrèze, Haute-Vienne, Loire, etc.) ; à la Champagne (Marne, Aisne, etc.), et au Nord-Ouest (Morbihan, Finistère, Cotes-du-Nord, etc.) ; 5 seulement fournissent près de 1 million d’hectol. (Creuse, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Maine et Morbihan) ; 9 fournissent de 500.000 à 1 million d’hectol. ; 44, de 100 à 500.000 hectol., et 28 moins de 100.000 hectol. ; le groupe du Centre entre pour les deux tiers environ dans notre production totale. Le seigle est, en France, l’objet d’un commerce presque exclusivement local ; nos importations et nos exportations sont réglées surtout par les besoins immédiats de la consommation, mais elles n’atteignent jamais une grandeimportance ; les secondes sont faites principalement à destination de l’Allemagne, de la Belgique et de la Suisse ; les premières sont presque en totalité de provenance russe. La Russie, dont les cultures de seigle occupent 23 millions d’hect. et donnent une récolte de 215 à 300 millions d’hectol., est encore le principal fournisseur de l’Allemagne (production, 85 à 90 millions d’hectol. ; importations, 5 à 10 millions), de la Hollande (production, 4 à 5 millions d’hectol. ; importations, 4 millions d’hectol.), de la Norvège (importations, 2 millions d’hectol.) et des autres Etats du N. et du centre de l’Europe dont la production est bien inférieure aux besoins de l’industrie et de l’alimentation. Les Etats-Unis exportent environ la moitié de leur production, soit de 3 à 4 millions d’hectol.

Le seigle , céréale très précoce , peut réussir dans tous les terrains, surtout légers, pourvu qu’ils ne soient pas humides ; les sols de défrichement récent lui conviennent également ; en sol convenable pour sa culture , il peut se succéder à lui-même sans inconvénient pendant plusieurs années ; cependant on le sème, avec raison, le plus ordinairement, après d’autres céréales d’automne ou de printemps, après une plante sarclée, une jachère bien ameublie, une prairie défrichée de très bonne heure, etc. Le sol doit être ameubli, et, autant que possible, être façonné de vieille date ; on roule avant les semailles. Le seigle est, à produit égal en grain, moins épuisant que le blé, mais surtout, à cause de la rapidité de sa végétation, il veut que les principes fertilisants lui soient donnés de bonne heure et sous une forme très assimilable. Les variétés de seigle cultivées semblent avoir eu pour origine le 5 . montanum (vivace) ou le S. Serbicum, qui existent à l’état spontané sur les contreforts orientaux des Alpes et des Balkans, et en Autriche ; elles sont, en réalité, peu nombreuses et sans fixité (fécondation croisée) ; on les divise en variétés d’hiver (seigle commun, sousvariété de Brie, de Champagne, etc. ; seigles de Sehlanstedt, de Zélande, Grand de Russie, de Rome, des Alpes, Multicaule, etc.) et de printemps (seigle de Mars ordinaire ou trémois, seigle d’été de Saxe. etc.). Le choix des variétés et des semences s’opère comme pour le blé (expériences comparatives, sélection, triages, etc.) ; les semences sont parfaitement nettoyées et sulfatées. Il faut semer, autant que possible, de bonne heure : dans l’Est de la France et le Nord de l’Europe dès la fin d’août jusqu’au 15 sept. ; dans le Centre et les régions à climat tempéré, du 15 sept, au 11 oct. ; dans le Midi, jusqu’à la Toussaint ; les seigles de printemps se sèment de février en avril. Les doses diffèrent peu de celles adoptées pour les semailles du blé (grain plus petit, mais faible tallage), soit, à la volée, 180 à 275 litres, et en lignes, 120 à 150 litres ; le grain est enterré peu profondément (pourriture à redouter ) et l’on opère par temps sec et en sol sec, en commençant par les terres naturellement humides et par les terres maigres. Un roulage (herser au préalable si les mauvaises herbes sont abondantes), après la quatrième feuille, et, après l’hiver, des binages et des saulages (arrêter à l’épiage), suffisent pour l’entretien de la culture. Le seigle ne redoute guère que les gelées blanches de mai qui le surprennent pendant sa floraison ; il supporte assez facilement les gels et les dégels successifs ; peu d’insectes (chloropes , phalène du seigle) l’a t laquent ; par contre, il souffre beaucoup, dans certaines années, de la rouille. du charbon et surtout de V ergot (V. ces mots). La récolte doit commencer de bonne heure (égrenage à craindre), en juillet, sous notre climat ; elle demande les mêmes soins que celle du blé. .1. Troihe.