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Page:Grande Encyclopédie XXX.djvu/255

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SOMERS — SOMERSET

d’Orange et l’activité qu’il déploya au sein de la commission qui rédigea la déclaration des droits que les deux Chambres présentèrent à Guillaume et à Marie le 13 févr. 1689. Nommé solicitor gênerai, et bientôt (1692), atorney-general, garde du grand sceau (4693)’, enfin, grand chancelier d’Angleterre (1697), il occupa avec distinction ces hautes fonctions. Très libéral, très cultivé, aimant le commerce des gens de lettres, comme Addison, Congreve, Steele, Swift, ou des philosophes comme Locke et Newton, il eut une influence très considérable sur l’esprit du souverain. 11 dut démissionner en 1700, à la suite du mouvement populaire que détermina la connaissance des traités de partage de la succession d’Espagne auxquels on l’accusait d’avoir activement collaboré, bien qu’il se fut contenté, suivant toute apparence, d’y apposer le grand sceau. Il fut même mis en accusation à ce sujet (1701) avec Portland, Oxford et Halifax ; mais après force agitations politiques qui donnèrent naissance au pamphlet de Swilt : Discourse of the conlests and dissensions between the nobles and the commons in Athens and Rome (1701), il fut acquitté. On ne pouvait d’ailleurs se passer de lui. Selon Sunderland, il était « la vie, l’àme et l’esprit » du parti whig, et il allait revenir au pouvoir lorsque le roi mourut. A la tète de l’opposition, Somers commença alors une campagne mémorable. Il obligea le ministère à éliminer les éléments de torysme renforcé qu’il contenait (1704), il obtint que le grand sceau fut donné à lord Cowper et lui-même réussit à se glisser dans la commission chargée d élaborer le traité d’union avec l’Ecosse. C’était un tremplin magnifique. Somers réussit à repousser la proposition des Ecossais de former une sorte d’union fédérative plutôt que législative, et il fit passer cet acte d’union qui déclare que les deux royaumes seraient désormais réunis en un seul sous le nom de Grande-Rretagne et que la succession au trône serait réglée conformément à la loi anglaise. Les whigs triomphèrent (1708). Somers devint président du conseil. Il s’opposa énergiquement à ce qu’on poursuivit le fameux Sacheverell, mais il n’eut pas assez d’influence pour empêcher ses collègues de commettre cet acte impolitique (-1710). La reine Anne voulait qu’il restât au pouvoir, mais il déclina cette offre. D’ailleurs, l’état de sa santé ne lui permit plus déjouer un rôle très actif. Il accepta, en 1714, dans le cabinet, une place de ministre sans portefeuille et demeura presque confiné dans sa villa du comté d’Hertford, où il mourut. Il a laissé quelques écrits : The Mémorable case of Denzil Onslow (1681) ; A brief history of the succession of the Crown of Ent/land (1(381), etc. On lui attribue un certain nombre d’essais littéraires, de traductions du grec, etc. On a publié les Somers Tracts (Londres, 1748-52, 16 vol. in-4), qui ont été réédités par Walter Scott (Londres, 180913.13 vol. in-4). R. S.

Biul. : Memoirs of the life of John, lord Somers ; Londres, 1710, in-4. — R. Cooksey, Essay on the life and characters of ./. lord Somers : Worcester, 1791, in-4. — H. Maddock, Account of the life and writings of lord chancellor Somers ; Londres, 1812, in-4.

SOMERSET. Comté d’Angleterre, au S. du canal de Rristol, entre les comtés de Devon et Dorset au S.-O. et au S. de Wilts à l’E. ; 4.223 kil. q. ; 484.337 hab. (en 1891). Pays accidenté surtout au N. (Exmoor-forest. 520 m.), frangé de falaises inhospitalières, avec quelques jolies plages ; des landes et des marécages, mais aussi des plaines très fertiles, vers le centre, autour de Taunton. Les champs occupent 22 %, les bois 4 %, les pâturages 61 7 de la superficie. On compte environ 35.000 chevaux, 235.000 bœufs, (iOO.OOO moutons, 140.000 porcs. Houille (900.000 tonnes), fer et plomb. On fabrique de la toile, des dentelles, beaucoup de gants, de l’acier. Le ch.-l. est Taunton ; la grande ville, Rath. SOMERSET (Ducs de). Deux grandes familles anglaises ont porté ce titre : les Reaufort et les Seymour. D’autre part une branche de Somerset, issue des Reaufort, a donné naissance aux comtes de Worcester. Pour les deux premiers ducs de Somerset, V. Reaufort (John et Edmund). Pour les comtes de Worcester, V. ce nom.

Edward Seymour, comte d’Hertfort et duc de Somerset, connu sous le nom du Protecteur, né vers 1506, exécuté à Londres le 22 janv. 1552. 11 débuta à la cour, comme « enfant d’honneur ». au mariage de Marie Tudor avec Louis XII (1514). En 1523, il prenait part à l’expédition du duc de Sutfolk en France ; en 1 527 , il accompagnait Wolsey dans son ambassade ; en 1532, il assistait à l’entrevue d’Henri VIII et de François I 6r à Roulogne. Le mariage de sa sœur. Jane Seymour, avec le roi lui valut quantité de faveurs, de terres, de hautes situations. La mort de Jane ne fit que diminuer un peu son pouvoir. Il s’empressa d’ailleurs aussitôt de se mettre dans les bonnes grâces d’Anne de Clèves. Il contribua à la chute de Cromwell, devintgrand amiral (1543), puis lieutenant-général (1544), et dirigea une campagne en Ecosse, qui n’aboutit guère qu’à fortifier l’alliance de ce pays avec la France. Il combattit ensuite en France, assista à la prise de Roulogne et coopéra aux négociations de Calais. Peu après (6 févr. 1545), il remportait une victoire sur le maréchal de Riez sous les murs deRuulogne. Henri VIII l’employa de nouveau en Ecosse où il brûla force châteaux et abbayes. De retour en France, il fit signer le traité de paix du 7 juin 1546. L’avènement d’Edouard VI fortifia encore son pouvoir. Le conseil de régence était partagé entre les partisans de l’ancien et ceux du nouveau régime. Hertford réussit à chasser les premiers, et à s’emparer du pouvoir absolu sous le titre de protecteur du royaume (1547). Il soutint exclusivement les protestants, rappela les ordonnances contre les lollards, abrogea les six articles, fit enlever des églises toutes les peintures et les images ; les prêtres furent autorisés à se marier ; la messe fut remplacée par la communion sous les deux espèces ; enfin au missel et au bréviaire fut substitué le fameux livre de prières qui est encore en usage dans l’Eglise anglicane. Cette révolution protestante, accomplie avec un véritable despotisme, n’alla pas sans mesures violentes. Gardiner qui luttait désespérément pour maintenir la suprématie royale, fut envoyé à la Tour (1548) ; on refusa le droit de prêcher à quantité de prêtres, simplement parce qu’ils n’étaient pas les amis de Cranmer, on subventionna les pamphlétaires protestants qui répandirent dans tout le pays les brochures les plus grossières où l’on tournait en ridicule les cérémonies de la messe. Les biens des corporations religieuses furent donnés aux membres de la noblesse, et Somerset s’enrichit lui-même de ces dépouilles. Enfin, comme il fallait venir à bout des résistances, on enrégimenta des mercenaires italiens et allemands qui écrasèrent quelques mouvements populaires (1549). Làdessus tout le comté de Devon se révolta et réclama « le rétablissement de la messe et des six articles ». Vingt mille paysans se réunirent au Chêne de la Réforme près de Xorwich, et battirent les troupes du roi. On dut charger le comte de Warwick de la répression, et la révolte fut partout étouffée dans le sang. Mais Warwick, devenu indispensable, noua contre le protecteur un réseau d’intrigues qui aboutit à l’obliger à déposer le protectorat le 14 janv. 1550. Envoyé à la Tour, Somerset reçut pourtant son pardon au bout de deux mois et fut même réadmis au conseil privé. Il essaya de reprendre son ancieune influence, réunit ses partisans, et comme il était demeuré fort populaire, il songea à mettre la main sur Warwick ; mais il fut trahi par Palmer qui révéla le complot au roi et à Warwick. Somerset fut arrêté de nouveau (16 sept. 1551), enfermé à la Tour, reconnu coupable de félonie et décapité sur le Tower Hill.

William, marquis d’Hertford, second duc de Somerset, né en 1588. mort le 24 oct. 1660, fils d’Edward Seymour, lord Reauchamp. Fort bel homme, il fut dès sa jeunesse l’objet d’un amour romanesque de la part d’Arabella Stuart. La reine Elizabeth vit cette intrigue de fort mauvais œil, et, par ordre du Conseil, les deux amoureux,