Aller au contenu

Page:Grande Encyclopédie XXX.djvu/382

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SPARTE

— 364 —

pirèrent un véritable enthousiasme patriotique. En vain, Aristomène déploya le plus brillant courage ; il fut vaincu et dut quitter sa patrie. Les Messéniens furent réduits à la triste condition des Hilotes ; les parties les plus fertiles de leur pays furent divisées en lots de terre, que se partagèrent les citoyens de Sparte. — Après la Messénie, ce fut l’Arcadie qui attira les armes Spartiates. La route, qui menait de Sparte vers l’isthme de Corinthe, traversait l’Arcadie orientale, oii dominait la ville de Tégée. Sparte ne voulait pas que cette route put lui être fermée. Elle attaqua Tégée ; après un premier échec, elle fut victorieuse, et imposa à la cité vaincue un traité d’alliance offensive et défensive. — A l’E. et au N.-E. de la vallée de l’Eurotas, s’étendait l’Argolide. La guerre entre Argos et Sparte éclata pour la possession de la Kynourie, région maritime située au pied du mont Parnon. Les Argiens et leur roi Phidon furent vaincus. Comme les habitants de Tégée, ils durent reconnaître la suprématie de Sparte. Entin, la prépondérance Spartiate s’étendit jusque sur l’Elide et l’Achaïe. Aucune cité du Péloponèse ne fut assez puissante pour résister à Sparte, qui devint vraiment la capitale politique de la péninsule. Sa renommée dépassa même les limites du Péloponèse. Dans la Grèce centrale, Sparte exerça une inlluence croissante ; elle intervint, à la tin du vi e siècle, dans les luttes des partis athéniens (V. Athènes, Clisthkne). Hors de la Grèce, elle passait, avant les guerres médiques, pour être la première cité du monde hellénique. Crésus, le roi de Lydie, lui envoya des ambassadeurs. Les villes grecques d’Asie lui demandèrent des secours, quand elles furent menacées par Cyrus ; plus tard encore, quand elles se révoltèrent contre Darius, elles s’adressèrent à elle en même temps qu’à Athènes. Il est vrai que les Spartiates refusèrent alors de les soutenir ; on connaît la réponse du roi de Sparte, Cléomène, à l’ambassadeur des Ioniens révoltés, Aristagoras, qui sollicitait l’alliance Spartiate sans dissimuler qu’il y avait trois mois de route entre la mer et la capitale du grand roi : « Milésien, sors de Sparte avant le coucher du soleil ; car tu ne tiens pas un langage que les Lacédémoniens puissent entendre, quand tu veux nous engager dans un voyage de trois mois à partir de la mer ». Mais, quelques années plus tard, lorsque la Grèce fut attaquée par les Perses, Sparte combattit pour l’indépendance hellénique.

2° Sparte pendant les guerres médiques. Pendant la première guerre médique, que les Perses dirigèrent seulement contre les deux villes d’Erétrie et d’Athènes, Sparte, ne se sentant pas directement menacée, évita de prendre part à la lutte. Lorsque Athènes, après la conquête des Cyclades et de l’Eubée par les Barbares, se vit seule en face du danger, elle envoya le héraut Phidippe demander aux Spartiates un secours militaire. Ils n’osèrent pas refuser en principe ; mais ils retardèrent le départ de leurs troupes. La victoire de Marathon fut gagnée par les Athéniens et les Platéens seuls. Les Spartiates, arrivés après le combat, ne purent que visiter le champ de bataille, et rendre hommage, non sans une secrète jalousie, à la valeur d’Athènes. Lorsque Xerxès prépara son expédition formidable. Sparte montra plus d’activité. Elle se joignit aux Athéniens pour résister à l’invasion barbare. Malgré l’importance du rôle joué par Athènes dans la première guerre médique et malgré la puissance de la marine athénienne, le commandement général des forces de terre et de mer fut donné aux Spartiates. Le roi de Sparte, Léonidas, fut chargé de défendre le défilé des Thermopyles, par ou passe la seule route qui mène de la Thessalie dans la Grèce centrale. Léonidas fut trahi par Ephialte, et ses soldats moururent en héros sans pouvoir sauver la Grèce de l’invasion. La flotte grecque, commandée par le Spartiate Eurybiade, se concentra dans le golfe Saronique, près de l’île de Salamine. Sparte et ses alliés du Péloponèse voulaient, à ce moment, que toutes les forces grecques battissent en retraite jusqu’au S. de l’isthme de Corinthe. Il fallut toute l’énergie et les ruses de Thémistocle pour empêcher cette manœuvre déplorable. L’issue de la bataille de Salamine démontra qu’il avait vu juste. Xerxès épouvanté s’enfuit, laissant en Grèce le général Mardonius à la tète d’une armée de 300.000 hommes. Cette armée fut écrasée à la bataille de Platées par les Grecs que commandait le roi de Sparte, P ausanias. Sur terre, la lutte était finie. Elle dura longt emps encore sur mer. Les Grecs, en effet, s’étaient donné comme tache de chasser les Perses de toutes les côtes de la mer Egée. Pendant les premières années de cette guerre maritime, le commandement général des troupes grecques fut encore exercé par un Spartiate, Pausanias, le vainqueur de Platées. Ce fut Pausanias qui enleva aux Perses la Thrace, l’Hellespont, la Propontide et le Bosphore. Mais exalté par ses victoires, peut-être aussi gagné par l’or perse, désireux de s’entourer de ce luxe oriental que les généraux et les satrapes de Xerxès déployaient en Asie, il songea à trahir la cause grecque. Il envoya des messagers secrets au grand roi ; il lui offrit, s’il voulait lui donner sa fille en mariage, de lui soumettre toute la Grèce. La trahison de Pausanias fut découverte, et Sparte rappela son roi pour le juger. Les cités ioniennes refusèrent désormais d’obéir à un chef Spartiate, et Sparte ne voulant pas déchoir du premier rang, abandonna la lutte ; elle entraîna dans sa défection la plupart des Etats du Péloponèse, qui suivaient sa politique de gré ou de force. Désormais ce fut Athènes qui dirigea la guerre contre les Perses, et Sparte ne joua plus aucun rôle dans les guerres médiques. Mais elle surveillait avec envie les progrès et la grandeur croissante d’Athènes. Elle voulut empêcher les Athéniens de relever les murs de leur patrie qui avaient été détruits par les Perses ; Thémistocle, usant à la fois de ruse et d’énergie, fortifia Athènes malgré l’opposition des Spartiates. Pour se venger, Sparte soutint en Attique les ennemis de Thémistocle ; elle réussite le faire exiler. Mais cette politique Spartiate fut vaine. Athènes ne cessa d’augmenter ses forces et d’étendre son empire maritime ’ V V. Athènes, Thémistocle, Aristide, Cimon). Après les guerres médiques, la première cité de la Grèce n’était plus Sparte, mais Athènes.

3° Rivalité de Sparte et d’Athènes ; la guerre du Péloponèse. Il était impossible aux Spartiates de lutter avec les Athéniens sur mer ; aussi se résignèrent-ils à leur laisser l’empire maritime. Mais lorsqu’Athènes essaya de joindre à cet empire la prépondérance politique dans la Grèce centrale, lorsqu’elle tenta d’établir sa domination sur Mégare et sur la Béotie, la guerre éclata entre les deux villes. Athènes fut vaincue ; l’Attique même fut envahie. Cette première lutte se termina en 445 par la paix de Trente ans, qui ne laissait aux Athéniens que leur empire maritime. Cette paix fut une simple trêve. Déjà, en effet, la Grèce était divisée en deux groupes ennemis, dont l’un, qui comprenait le Péloponèse et la Grèce centrale, reconnaissait pour chef l’Etat Spartiate, dont l’autre, composé presque exclusivement de cités maritimes, était soumis à l’hégémonie athénienne. Sparte, outre ses forces et celles de ses alliés, avait des intelligences dans un grand nombre de villes sujettes d’Athènes, qui supportaient impatiemment le joug athénien. Dans ces conditions, le moindre prétexte devait suffire à faire écla ter une guerre générale. En effet, ce fut à propos de deux colonies, Corcyre, colonie de Corinthe, et Potidée, colonie d’Athènes, que la rupture se produisit. Corinthe, alliée de Sparte, accusa les Athéniens d’avoir violé la paix de Trente ans, en secourant les Corcyréens révoltés contre elle ; en même temps, elle soutenait de ses armes la colonie athénienne de Potidée, soulevée contre sa métropole. La guerre du Péloponèse, qui déchira la Grèce tout entière, commença en 431. Elle dura jusqu’en 404 ; on la divise d’habitude en deux périodes, de 431 jusqu’à la paix de Nicias, en 421 ; puis de 415 jusqu’à la prise d’Athènes en 404. Sparte joua dans la guerre du Pélo-