Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/125

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nombreux, encore, sont étouffés, n’éveillant aucun écho !

À toute heure, à chaque minute de la vie, combien de cœurs et de cerveaux sont broyés par l’inconscience de ceux qui nous dominent, sans que nous qui souffrons de ces souffrances, qui grinçons des dents lorsque leurs cris nous vrillent le cerveau, puissions leur venir en aide, liés que nous sommes, par les institutions, les lois et les fatalités économiques.

Nous aussi, nous voudrions pouvoir arracher quelques victimes, si infime en soit le nombre, au minotaure social ; combien heureux nous serions de voir atténuer la somme de mal qui existe, si cela nous était montré vraiment possible, au risque même de voir s’éloigner la réalisation complète de ce que nous voulons, si on pouvait nous prouver l’efficacité des remèdes proposés.

Mais, jusqu’à ce jour, les palliatifs apportés n’ont eu pour effet — si ce n’était leur but — que de leurrer d’un vain espoir ceux qui souffraient ; de retarder ainsi la réalisation de leur pleine conscience, et d’aider par là à la prolongation de ce mauvais ordre social qui, dans sa marche inconsciente, broie sans trève des consciences et des vies humaines.


C’est pourquoi, lorsqu’on nous présente un projet de réforme, nous le discutons ; nous le comparons avec les institutions existantes et cherchons à prévoir ce qu’il deviendra après avoir passé par leurs étamines.

N’est-ce pas notre droit ? Est-ce que, par hasard,