Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/151

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Combien souvent, à chaque instant de notre vie journalière, se présentent d'occasions d'agir efficacement contre l'arbitraire, en nous habituant à nous passer les institutions existantes, accoutumant, par notre exemple, ceux qui nous entourent à en faire autant, et amenant ainsi peu à peu à ce qu'elles tombent en désuétude.

Si l'on commençait par se révolter contre les petits abus de l'autorité, ce serait du chemin fait pour attaquer de plus grands.

Tous les jours on lit dans les journaux, le récit de quelques acte de brutalité commis par agents de l'autorité en présence d'une foule qui, le plus souvent, les a laissé faire, sans même protester, ou s'est bornée à murmurer de loin.

Tantôt c'est un passant, un pauvre revendeur que les agents brutalisent ; tantôt, une femme insultée par les agents de mœurs.

Dans le domaine économique, c'est la même chose : tantôt un propriétaire féroce qui jette sur le pavé, lui volant ses quelques meubles, si elle en a une famille tombée dans la misère, tantôt un patron qui abuse de l'autorité que lui donne son argent.

Les gens ne trouvent rien de mieux que d'aller raconter leur infortune au journal qu'ils ont l'habitude de lire.

Ils rédigent une protestation «virulente», où, en termes «indignés», ils «flétrissent» comme il convient, la conduite des séïdes de l'autorité, ou de ces «vautours rapaces, dont un coffre-fort tient la place du cœur.» On s'y épuise en menaces vaines et impuissantes. On les savoure lorsque le