Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/154

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Impossible d'énumérer ici tous les actes de notre existence que nous pourrions modifier graduellement, en dépit des lois, et amener insensiblement les gens à imiter, la société à accepter. Ils ne peuvent me venir tous à l'idée ; ce sont les circonstances qui les feront sortir et aux individus à savoir s'en inspirer.

Il y a des cas où d'aucuns peuvent carrément se mettre en lutte avec les préjugés, avec la loi, sans en ressentir grand dommage, où d'autres risqueraient leur gagne-pain, le repas et le bien-être des leurs.

C'est affaire de morale individuelle. C'est à chacun de savoir discerner ce qu'il peut, ce qu'il doit faire. On trouve toujours lorsqu'on est convaincu de la nécessité d'échapper au milieu ambiant.

Mais ce qu'il y a de certain, c'est que, si les gens s'habitueraient à modeler leurs actes sur ce qu'ils pensent, à ne plus subir ce qu'ils méprisent, à ne plus craindre ce qui n'a de force que par leur obéissance, à vouloir réaliser sérieusement ce qui est juste, ce serait la révolution en marche. Car si l'avachissement est contagieux, le courage ne l'est pas moins.

Oh, c'est évident, ce n'est pas du jour au lendemain que semblable ligne de conduite s'introduira dans les mœurs.

Pour que les individus en arrivent à être choqués de la contradictions de leurs actes avec leur façon de penser, il leur faut acquérir un cerveau mieux équilibré, une énergie morale peu commune. C'est à acquérir cela que doit viser la propagande