Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/161

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Italie, le huis-clos, l'emprisonnement cellulaire et la relégation en France pour délit d'opinion.

Oh ! il y a de la part des anarchistes, cela est indéniable, des actes qui déroutaient toutes les conceptions d'humanité reçues, semblant relever plus de la sauvagerie que d'être le fait d'êtres humains.

Ainsi, par exemple, si j'avais eu la bombe en mains, et qu'il m'eût fallu la jeter dans une foule de bourgeois anonymes, sachant qu'elle allait tuer des femmes et des enfants, comme cela eut lieu au Liceo et à la «calle de Nuevo cambio»,quelle que soit ma haine de classe contre la bourgeoisie, j'avoue que je n'en aurais pas eu le courage.

Et combien parmi les anarchistes reculeraient devant cette hécatombe ? Combien, parmi eux, tous les premiers, furent révoltés au reçu de la nouvelle ?

«Pour arriver à exécuter de semblables actes, il faut avoir le cœur torturé par la haine, corrodé par la souffrance. Pour qu'un anarchiste, dont la préoccupation maîtresse est celle de la justice, puisse en arriver à exécuter froidement un acte qui va causer la mort de tant de personnes, coupables seulement de faire partie de la classe privilégiée, il faut qu'il soit bien profondément ulcéré. Que les bourgeois qui sont atteints, leur jettent l'anathème, c'est la logique humaine. S'ils réfléchissaient cependant aux misères qu'engendre l'ordre social dont ils tirent profit, aux vies humaines fauchées par leur avarice, ils s'étonneraient au contraire, que leur société ne soit pas encore plus souvent bouleversée».

J'écrivais cela au lendemain de l'attentat du Liceo.