Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/164

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Ils sont hors de la lutte, et pourtant, c'est sur eux que retombe tout le poids de la guerre !

Le bon bourgeois qui n'exerce aucune industrie, n'exploite directement personne, vivant des rentes que lui rapporte son capital placé en valeurs de banque, peut bien, lui aussi, se croire placé hors de la lutte. Et, de fait, jusqu'ici, il n'en avait jamais souffert, sauf en sa caisse, lorsqu'il se trompait dans ses placements.

«La société est mal organisée ? Il y a des misérables qui crèvent de faim ? Oh ! que cela est donc triste ! Qu'il en est marri ! Il les plaint de tout son cœur ! Peut-être, même, participe-t-il à quelque fête de bienfaisance, allant danser et flirter, pour les soulager, se fendant, au besoin, de quelques louis supplémentaires pour venir en aide aux détresses trop criantes que lui signale son journal !

Avec cela, il a la conscience tranquille : il a aidé autant qu'il a pu, à réparer les injustices du sort !

Il n'est pas mêlé aux choses de la politique ; n'a jamais — autrement que par son vote et son approbation aux actes des politiciens — apporté aucune entrave aux revendications des miséreux.

Son capital lui rapporte, il est vrai, de quoi vivre assez largement, mais ce n'est pas lui qui le met en œuvre, il occupe personne, que des domestiques, très bien rétribués, il ne peut donc être accusé d'exploitation.

Pourquoi donc le rendre responsable du mal qui sévit sur cette vallée de larmes et de misère ?