Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/188

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équitable, nous y aurions toute latitude d'exercer ce droit sans léser personne.

Mais, puisqu'elle est anormalement constituée, nous ne pouvons exercer notre droit qu'en en opprimant d'autres, il s'agit de savoir si nous prétendons l'exercer en toute sa rigueur, ou acquérir la possibilité de l'exercer avec justice ?

C'est ce qui fait toute la différence entre ceux qui acceptent la société telle qu'elle est, et ceux qui veulent la transformer pour retrouver les conditions normales d'existence.

Si, en dépit de tout, on veut jouir quand même, si l'on prétend ne vouloir se plier à aucun sacrifice, cela est bon ; chacun est maître de choisir la voie personnel ; mais il y a, alors, hypocrisie de vouloir décorer cette manière d'agir des apparences de revendications sociales.

C'est la théorie bourgeoise ; que ceux qui veulent la pratiquer, restent avec les bourgeois.

Mais si on veut conquérir le droit de disposer de soi-même, la possibilité d'élargir ses facultés, sans léser personne, il nous la faut briser ; ce qui ne se fait pas en jouissant, mais en luttant, souffrant, en s'imposant les sacrifices qu'exigent les circonstances, les alternatives de la lutte. Nous sommes loin, alors, du droit de jouir en tout et partout.

Il y a aussi le découragement de ceux qui, arrivés tout enthousiastes à l'anarchie, s'imaginaient