Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/21

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ses membres comme son cerveau, que le travail n’est avilissant que parce qu’on en a fait un signe de servitude et que l’homme vraiment digne de ce nom est celui qui n’a pas besoin de se reposer sur les autres des soins de l’existence.

Un homme en vaut un autre ; s’il y a des degrés de développement, cela tient à des causes que nous ignorons, mais tel ignorant peut avoir des qualités morales supérieures à celles de plus savant que lui. En tous cas l’intelligence, si elle favorise celui qui la possède, ne lui donne pas le droit d’exploiter ni de gouverner les autres. Justement cette différence de développement implique différence de désirs, d’aspirations, d’idéal et c’est à l’individu lui-même qu’il appartient de réaliser ce qui répond le mieux à sa conception du bonheur.

En surplus, ces différences de développement ne nous paraissent si grandes que parce que l’éducation, mal comprise et mal distribuée, perpétue les erreurs et les préjugés. L’imagination, l’invention, l’observation, le jugement, s’ils diffèrent parfois d’intensité chez chaque individu, ne diffèrent pas d’essence, ce sont de simples facultés de notre cerveau qui ne perdent pas de leurs qualités pour être employées à construire une machine, une maison, rétamer un chaudron, ou faire une chemise, plutôt qu’à écrire un roman ou un traité d’anatomie.

Assoiffés de hiérarchie, les humains ont divisé en occupations nobles et basses, l’emploi divers de nos forces. Les parasites qui se sont faits nos maîtres se déclarant supérieurs, ont établis qu’il n’y avait de vraiment noble que l’oisiveté, qu’il n’y avait de belle force que la force employée à détruire ; celle dis-