Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/273

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En admettant que les travailleurs parviendraient à imposer leurs conditions à leurs maîtres économiques, la situation, au fond, n’en resterait pas moins toujours la même, puisqu’ils resteront toujours exploités.

En effet, admettons que les travailleurs d’une corporation aient réussi à faire accepter à leurs exploiteurs une augmentation de salaire. Qu’est-ce que cela aura produit sur la situation générale ?

Cinquante centimes de plus par jour ne sont pas à dédaigner dans un ménage d’ouvriers, qui pourra ainsi mettre quelques légumes de plus dans la soupe, mais c’est là toute l’amélioration. La plupart de ses besoins n’en resteront pas moins insatisfaits, étant donnée l’organisation sociale, sa personnalité et celle des siens resteront toujours avec les mêmes empêchements de se développer.

Le patron, lui, dont le rôle reste toujours le même ; — c’est-à-dire, vivre grassement à rien faire, — pour conserver ses bénéfices intacts devra avoir recours à un des moyens suivants : ou récupérer cette augmentation, qu’il vient d’accorder, en perfectionnant son outillage — ce qui se traduit par la mise sur le pavé de quelques travailleurs, et l’on perd ainsi en chômages les avantages conquis.

Ou bien se procurer les matières premières à meilleur marché, ce qui fait subir une perte à d’autres producteurs, à moins que les capitalistes de la corporation ne fassent voter des droits protecteurs en faveur de leur branche d’industrie, en ce cas l’impôt retombe toujours sur le producteur malgré que ce soit le consommateur qui en fasse