Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/288

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vité sociale, les forcerait à accepter tout ce qu’on leur imposerait.


Lorsque, il y a une quinzaine d’années, on commença à parler de la grève générale — ce fut, je crois, parmi les anarchistes, le camarade Tortelier — j’accueillis cette idée plutôt avec scepticisme.

Assurément, je la trouvais excellente, comme arme de guerre contre l’exploitation ; mais comme au fond, ce n’était ni plus ni moins que l’idée de révolution sous une autre forme, il n’en faudrait pas moins préparer les esprits à l’idée de reprise de possession du sol et de l’outillage, leur faire comprendre qu’ils ne doivent pas s’arrêter à une simple amélioration. « Cela ne demandera pas un moindre travail de propagande. Pourquoi appeler grève générale ce que nous nommons révolution ? » me disais-je.

J’oubliais que rien ne vient d’une pièce et qu’une idée peut ne pas faire fortune présentée sous un certain aspect et progresser vivement présentée d’une autre façon.

L’idée cependant fit son chemin, renforcée par une autre qui se fit jour presque en même temps : la date du 1er mai, choisie pour que, chaque année, à la même époque, les travailleurs de tous pays, s’unissant dans une action commune, désertent l’atelier ce jour-là, chômant en signe de protestation contre le capital et l’exploitation.

Idée grandiose qui pouvait être féconde en résultats, en habituant les travailleurs à se sentir solidaires, et pouvant, progressivement, les amener à l’idée d’une grève générale universelle.