Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/323

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En temps ordinaire, la brigade de gendarmerie peut bien arriver à assurer la police du territoire qu’elle est chargée de surveiller, mais en temps de révolte, elles ne pèseraient pas lourds les cinq pauvres hirondelles de potence, même aidées des gardes-champêtres, qui voudraient lutter contre une partie de la population d’un canton.

D’autant plus qu’il peut arriver, comme en certains endroits que je connais, que les conseillers municipaux, le maire, soient plus ou moins imprégnés de l’idée nouvelle, et pourraient, par leur intervention, contribuer à entraver les agents gouvernementaux.

Les paysans révoltés auraient grandement le temps de détruire les murailles, clôtures, bornes cadastrales, pendant qu’aux mairies, chez le percepteur, chez le notaire, on ferait un feu de joie des paperasses sur lesquelles repose toute l’organisation propriétaire, avant que le gouvernement en soit averti. Une fois la besogne faite, elle serait bien faite.

Les paysans qui, de 1789 à 1793, brûlèrent les chartiers féodaux, n’ont fait que montrer à ceux de l’avenir ce qu’il y avait à faire.

Et l’on voit, d’ici, l’autorité forcée de scinder ses forces pour envoyer les colonnes expéditionnaires pour réprimer les tentatives de révolte éclatant de tous les côtés à la fois, dont la plupart seraient impossibles à réprimer par suite de la complicité tacite de toute la population locale, où les agents chargés de la répression se trouveraient devant l’acte accompli et l’impossibilité d’en découvrir les auteurs.