Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/46

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trouvé une voie plus pratique pour l’acheminement vers un état social meilleur.

C’est que les cerveaux sont toujours hantés par le côté romantique de l’histoire. Cette dernière nous a si bien montré les événements se déroulant à la volonté des conducteurs de peuple ; ceux-ci faisant mouvoir les foules au gré de leurs conceptions et de leurs calculs, que l’on s’imagine toujours avoir l’étoffe d’un Richelieu ou d’un Danton.


Enflammer les foules, les faire vibrer sous la chaleur de ses accents, le rôle est magnifique, et je comprends l’emballement lorsque l’enthousiasme vous dirige plus que la raison.

Qui de nous, alors qu’il était jeune, n’a pas rêvé d’être un de ces tribuns qui, de leur parole vibrante, soulevaient les foules, les faisaient frissonner de leurs accents enflammés ? Qui de nous n’a pas rêvé d’être un de ces tacticiens habiles, conduisant les événements et les peuples à l’assaut du pouvoir et des privilèges, impulsant ou retenant la foule par leur seule éloquence ou l’influence acquise par leur valeur personnelle ?

Il faut en rabattre, hélas ! À part les moments d’effervescence où les périodes ronflantes de l’orateur ne sont que l’étincelle qui vient mettre le feu aux poudres, où la surexcitation générale des esprits fait que les individus n’attendent que le moindre prétexte pour se lancer dans la lutte, ouvrant en même temps les cerveaux à une conception plus grande des idées, si osées qu’elles puissent être, la masse, en période de calme, n’accepte