Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/79

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Nous avons vu, dans le chapitre précédent, les différences qui séparent l’anarchie du socialisme. Mais quoi qu’en dise les socialistes, lorsque d’assez malavisés s’avisent de les confondre avec les anarchistes, ces derniers ont, tout autant qu’eux, le droit de se réclamer du courant qui leur donna naissance à tous.

Ils peuvent prendre des airs dédaigneux, affirmer du haut de leur suffisance, que le socialisme n’a rien à voir avec cette galeuse, cette pelée qu’est l’anarchie, on peut leur démontrer qu’elle a, plus qu’eux, le droit d’affirmer qu’elle en est la continuation légitime.

Si l’on s’en tenait à l’étymologie seule du mot, il est de toute évidence que « socialisme » veut dire « qui a trait aux questions concernant la société, qui s’occupe de leur organisation, de leur fonctionnement ». C’est là l’acceptation la plus large, et, par conséquent, d’après cette définition, tous ceux qui, à un titre quelconque, s’occupent de la « direction des peuples » peuvent se réclamer du socialisme.

Mais, la société se divisant en un pouvoir politique et en une organisation économique, l’épithète (assez mal vue, d’ailleurs) de politicien est restée à ceux qui s’occupent des questions gouvernementales, et le mot de socialiste sert à désigner ceux qui traitent plus spécialement des questions économiques.

Ici, pourtant, de dresse une nouvelle distinction : si, parmi ceux qui veulent une réforme économique de l’ordre social et, aussi, un peu dans toutes les classes, sauf dans les milieux politiques, l’épi-