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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

pouvait assurer, par son concours, la stabilité du pouvoir entre les mains de ceux qui le détenaient ? N’était-ce pas elle qui fournissait les chefs nominaux ou effectifs, en qui venait se résumer l’omnipotence des castes ?

Dans tout ce conflit d’intérêts, l’idée de Patrie tenait bien peu de place. On combattait bien de groupe à groupe, de tribu à tribu, et, dans les temps historiques, de cité à cité ; des peuples même en vinrent bien à chercher à asservir les autres peuples, on commença bien à distinguer les nations, mais la notion de Patrie était encore très indécise, bien vague ; il faut arriver aux temps modernes pour voir l’idée de Patrie se formuler, se préciser et mettre son autorité au-dessus de celle des rois, des prêtres ou des guerriers qui ne furent plus que les serviteurs de l’Entité-Patrie, les prêtres de la nouvelle religion.


En France, c’est en 89 que l’idée de la Patrie — avec celle de la loi — se révéla dans toute sa puissance. Ce fut l’idée géniale de la bourgeoisie, de substituer l’autorité de la nation à celle du Droit Divin, de la faire envisager aux travailleurs comme une synthèse de tous les droits et de les amener à défendre le nouvel ordre de choses, en leur donnant la croyance qu’ils luttaient pour la défense de leurs propres droits !

Car, il est bon de le noter, l’idée de Patrie, la