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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

à nous de la défendre encore mieux en ne nous exposant pas, bêtement, à la faire trouer, pour le plus grand profit de ceux qui nous exploitent et nous gouvernent.

Les bourgeois, eux, ont intérêt à la guerre, elle leur permet de conserver les armées qui tiennent le peuple en respect et défendent leurs institutions, c’est par elle qu’ils imposent les produits de leur industrie, à coups de canon qu’ils s’ouvrent des débouchés nouveaux, seuls ils souscriraient aux emprunts qu’elle nécessite et dont nous, travailleurs, sommes seuls à payer l’intérêt. Que les bourgeois se battent donc eux-mêmes, s’ils le veulent, encore une fois, cela ne nous regarde pas. Et, d’ailleurs, révoltons-nous une bonne fois, mettons en danger l’existence des privilèges des bourgeois, et nous ne tarderons pas à les voir, eux qui nous prêchent le patriotisme, faire appel aux armées de leurs congénères allemands, russes ou de n’importe quel pays. Ils sont comme Voltaire, leur patron ; il ne croyait pas en Dieu, mais jugeait nécessaire une religion pour le bas peuple ; eux, ils ont des frontières entre leurs esclaves, mais ils s’en moquent lorsque leurs intérêts sont en jeu.


Il n’y a pas de patrie pour l’homme vraiment digne de ce nom, ou du moins il n’y en a qu’une : c’est celle où il lutte pour le bon droit, celle où il vit, où il a ses affections, mais elle peut s’étendre à