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ET L’ANARCHIE

Si l’on doutait de ce que nous avançons, que l’on prenne les récits des voyageurs, qu’on lise la description des pays où les Européens se sont installés par droit de conquête, partout la population s’amoindrit et disparaît, partout, l’ivrognerie, la syphilis et autres importations européennes les fauchent à grands coups, atrophient et anémient ceux qui survivent. Et, peut-il en être autrement ? Non, étant donnés les moyens que l’on emploie. Voilà des populations qui avaient un autre genre de vie que nous, d’autres aptitudes, d’autres besoins ; au lieu d’étudier ces aptitudes et ces besoins, de chercher à les adapter à notre civilisation, graduellement, insensiblement, en ne leur demandant de prendre, de cette civilisation, que ce qu’ils pouvaient s’assimiler, on a voulu les plier d’un coup ; on a tout rompu ; non seulement elles ont été réfractaires, mais l’expérience leur a été fatale.

Que le rôle de l’homme soi-disant civilisé aurait pu être beau, s’il avait su le comprendre, et si lui-même n’avait été affligé de ces deux pestes : le gouvernement et le mercantilisme, deux plaies affreuses dont il devrait bien songer à se débarrasser avant de chercher à civiliser les autres.


La culture des peuplades arriérées pourrait se poursuivre pacifiquement et amener à la civilisation des éléments nouveaux susceptibles, en s’y adaptant, de la revivifier. Que l’on ne vienne pas