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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

habitants de la Terre de Feu ? ou des Peaux-Rouges, privés de tous les animaux qu’ils auraient pu domestiquer ? ou des nègres qui vivent dans la région des marais du Nil ou des forêts sans fin du Congo ? ou des Tongouses des steppes sibériennes ? ou des Bushmen des déserts sans eau du Kalahari ? Il ne faut pas donner de pareilles entorses à la vérité. Et puis, reste à résoudre la grosse question de savoir quels sont les « pays les plus favorisés ? » Ceux qui sollicitent le travail ou ceux qui ne le sollicitent pas ?

Cette affirmation, du reste, peut tout aussi bien se retourner contre la manière de voir qu’elle prétend défendre. N’est-ce pas justement cette facilité de l’existence qui a laissé maintes peuplades stationnaires ? Ayant de quoi satisfaire, sans travailler, à leurs premiers besoins, les hommes peuvent très bien ne pas avoir vu naître en eux des facultés qui ont continué à dormir, alors que les autres populations, forcées d’arracher au sol et au climat la subsistance de tous les jours, étaient amenées à développer des instincts et des facultés qui en éveillaient d’autres à leur tour et les lançaient ainsi dans la voie du progrès. Les autres, favorisées, n’avaient qu’à se laisser vivre.


Viennent ensuite les arguments tirés de tentatives de culture faites sur certaines tribus africaines, sur