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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

peut-on penser que nous ayons le droit d’être bien fiers, et de nous targuer de notre supériorité ?

Et les agglomérations de sauvages, que l’on a laissé subsister, croit-on qu’on leur ait procuré les conditions qui leur permettent de s’épanouir dans leur plénitude ?


Certainement, nous ne voulons pas dire que les races soient absolument identiques ; seulement nous sommes persuadés que toutes ont certaines aptitudes, certaines qualités morales, intellectuelles ou physiques qui, s’il leur avait été donné d’évoluer librement, leur auraient permis d’apporter leur part dans l’œuvre collective de la civilisation humaine.

Ainsi, par exemple, ces Australiens si chétifs, si bas dans l’échelle de l’humanité, n’ont-ils pas inventé le boomerang, cette arme de jet aux effets rétrogrades si curieux que les Européens, malgré leur talent, n’ont su imiter et que toute leur science en balistique n’a pu expliquer ?

Certes, la découverte du boomerang n’apporte que peu de chose à l’histoire de l’Humanité ; mais puisque l’ingéniosité de ses inventeurs a pu se développer sur un objet qui leur est absolument particulier, tandis que la lance, le casse-tête, les flèches ont été connus de toutes les autres races, qui nous dit que, dans d’autres conditions, cette faculté n’aurait pas évolué dans de plus importantes directions !