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ET L’ANARCHIE

gement. Ces plaintes, ces aspirations sont formulées par ceux-là mêmes qui se croient les défenseurs de l’ordre capitaliste. Bien plus, on commence à sentir que l’on ne doit plus se borner aux vœux stériles, mais que l’on doit travailler à la réalisation de ce que l’on demande ; on commence à comprendre et à acclamer l’action, la propagande par le fait, c’est-à-dire que, comparaison faite des jouissances que doit apporter la satisfaction d’agir comme l’on pense et des ennuis que l’on doit éprouver de la violation d’une loi sociale, on tâche, de plus en plus, de conformer sa manière de vivre à sa manière de concevoir les choses, selon le degré de résistance que le tempérament particulier peut offrir aux persécutions de la vindicte sociale.


Si les idées anarchistes ont pu se développer avec cette force et cette rapidité, c’est que, tout en venant en travers des idées reçues, des préjugés établis, tout en effarouchant, au premier exposé, les individus auxquels elles s’adressaient, elles répondaient, par contre, à leurs sentiments secrets, à des aspirations mal définies. Sous une forme concrète, elles apportaient, à l’Humanité, cet idéal de bien-être et de liberté qu’elle avait à peine osé ébaucher dans ses rêves d’espérance :

Elles effarouchaient, de prime abord, les contradicteurs parce qu’elles prêchaient la haine ou le mépris de nombre d’institutions que l’on croyait