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ET L’ANARCHIE

débitées à ce propos, aussi bien ceux qui la combattent que ceux qui la préconisent ?

La « propagande par le fait » n’est autre chose que la pensée mise en action et, dans le chapitre précédent, nous avons vu que, sentir profondément une chose, c’était vouloir la réaliser, cela répond amplement aux détracteurs ; mais, par contre, certains anarchistes plus emballés qu’éclairés ont voulu à leur tour tout accommoder à la propagande, par le fait : tuer des bourgeois, assommer des patrons, incendier les usines, les monuments, ils ne voyaient que cela ; quiconque ne parlait pas de tuer ou d’incendier, n’était pas digne de se dire anarchiste.

Or, de l’action nous en sommes ; nous l’avons déjà dit, l’action est la floraison de la pensée, mais encore faut-il que cette action ait un but, soit consciente de ce qu’elle fait, qu’elle aboutisse à un résultat cherché et ne se tourne pas contre lui.

Prenons, par exemple, l’incendie d’une usine en pleine activité ; elle occupe 50, 100, 200, ou 300 ouvriers, le chiffre importe peu. Le directeur de cette usine est dans la moyenne des patrons, il est de ceux ni trop bons ni trop mauvais, dont on ne dit rien ; évidemment, si l’on incendie cette usine sans rime ni raison, cela n’aura d’autre effet que de mettre les ouvriers sur le pavé ; ceux-ci furieux de la misère momentanée où ce fait les aura réduits, n’iront pas chercher les raisons qui auront fait agir

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