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ET L’ANARCHIE


Ce qui contribuait à éloigner des idées anarchistes les intrigants et les ambitieux, fut aussi ce qui devait amener les penseurs à les étudier et à se demander ce qu’elles apportaient : c’est qu’elles ne laissaient aucune place aux préoccupations personnelles, aux ambitions mesquines, et ne pouvaient, en rien, servir de marchepied à ceux qui ne voient dans les réclamations des travailleurs qu’un moyen de se tailler une part dans les rangs des exploiteurs.

Les papillons de la politique n’ont rien à faire dans les rangs anarchistes. Peu ou pas de places pour les petites vanités personnelles, pas de cortèges de candidatures ouvrant carrière à toutes les espérances, à toutes les palinodies.

Dans les partis politiques et socialistes autoritaires, un ambitieux peut amener sa « conversion » par des gradations insensibles ; on ne s’aperçoit qu’il a tourné que bien longtemps après que la conversion est accomplie. Chez les anarchistes cela est impossible, car celui qui consentirait à accepter une place quelconque dans la société actuelle, après avoir démontré que tous ceux qui sont en place ne peuvent y rester qu’à condition d’être les défenseurs du système existant, celui-là encourrait en même temps l’épithète de renégat, car il ne pourrait avoir aucun semblant de raison pour justifier son « évolution ».

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