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ET L’ANARCHIE

prévoir ? Si nous attendions, pour réclamer nos droits, d’être certains de la victoire, nous pourrions attendre notre émancipation pendant des siècles. Du reste, on ne commande pas aux circonstances ; le plus souvent, ce sont elles qui vous entraînent : le tout est de les prévoir pour ne pas en être submergés. Une fois dans la mêlée, ce sera aux anarchistes à déployer toute l’énergie dont ils seront capables afin d’entraîner, par leur exemple, la masse avec eux.


Que dans la révolution qui se prépare il y ait des vengeances individuelles, qu’il y ait des massacres, qu’il y ait des actes de sauvagerie, cela est fort probable, cela est à prévoir ; mais qu’y pouvons-nous ?

Non seulement personne ne pourra l’empêcher, mais on ne devra pas l’empêcher. Si les propagandistes sont dépassés par la foule, tant mieux ! Qu’elle fusille tous ceux qui voudront faire de la sensiblerie ! car si elle souffrait que l’on fasse de la réaction pour lui enlever quelques victimes, on pourrait en faire pour enrayer son élan révolutionnaire, pour l’empêcher de toucher aux institutions qui doivent disparaître, pour lui faire épargner ce qu’elle doit détruire. Une fois la lutte entamée, la sensiblerie ne sera plus de mise, la foule devra se méfier des phraseurs et broyer impitoyablement tout ce qui tentera de se mettre en travers de sa route.