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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

« Celui qui n’agit pas comme il pense, pense incomplètement. » Rien de plus vrai. Quand on est bien convaincu d’une idée, il est impossible à celui qui la sent de ne pas chercher à la propager, de ne pas essayer de la réaliser.

Que de fois on voit éclater des disputes entre amis pour des choses futiles bien souvent, où chacun soutient sa manière de voir, sans autre mobile que la conviction qu’il a de la vérité de ce qu’il soutient. Cela ne coûterait rien pourtant pour faire plaisir à un ami ou même pour éviter de le froisser, de le laisser dire sans l’approuver ni le désapprouver ; cette chose qu’il soutient est sans importance réelle pour nos convictions, pourquoi ne pas le laisser dire ? Que de fois on agit ainsi dans la conversation quand il n’est question que de choses sur lesquelles on n’a aucune idée arrêtée ; mais sitôt qu’une chose, sur laquelle vous avez une opinion, se trouve sur le tapis, de si peu d’importance qu’elle soit, vite ! vous voilà partis et vous vous disputerez avec le meilleur de vos amis pour soutenir votre manière de voir. Or, si on agit ainsi pour des futilités, combien plus grande doit être l’impulsion reçue lorsqu’il s’agit d’idées qui intéressent l’avenir de l’humanité entière, l’affranchissement de notre classe, de notre descendance et le nôtre !