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LA SOCIÉTÉ MOURANTE

Et alors voilà les anarchistes lancés à discuter anarchie, communisme, initiative, organisation, influence nuisible ou utile du groupement, égoïsme et altruisme, et enfin un tas de choses plus absurdes les unes que les autres ; car, après avoir bien discuté entre contradicteurs de bonne foi, il finissait par se dégager que l’on voulait tous la même chose, en l’appelant de noms différents.

En effet, les anarchistes qui se réclament du communisme reconnaissent tous les premiers que l’individu n’a pas été mis au monde pour la société ; que, au contraire, celle-ci ne s’est formée qu’en vue de fournir à celui-là une plus grande facilité d’évoluer. Il est bien évident, quand un certain nombre d’individus se groupent et unissent leurs forces, qu’ils ont en vue d’obtenir une plus grande somme de jouissances, une dépense moindre de forces. Ils n’ont nullement l’intention de sacrifier leur initiative, leur volonté, leur individualité propre au profit d’une entité qui n’existait pas avant leur réunion, qui disparaîtrait par leur dispersion.


Ménager leurs forces tout en continuant d’arracher à la nature les choses nécessaires à leur existence, et qu’ils ne pouvaient atteindre que par la concentration de leurs efforts, voilà certainement ce qui a guidé les premiers humains quand ils ont commencé à se grouper, ou devait, tout au moins, être tacitement entendu, si ce n’était complètement