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ET L’ANARCHIE

sogne est compliquée précisément parce que les idées que nous remuons sont abstraites.

Certes, si nous voulions nous contenter de déclamations et d’affirmations, la tâche serait rendue facile, et pour nous et pour ceux qui nous lisent, Plus de problèmes ardus à résoudre, plus besoin de se mettre en frais d’arguments et de logique ; c’est facile de dire et d’écrire : « Camarades, les patrons nous volent ! les bourgeois sont des crapules ! les gouvernants des canailles ! il faut se révolter, tuer les capitalistes, mettre le feu dans les usines ! »

D’ailleurs, avant qu’on l’écrivît, les exploités ont, parfois, tué leurs exploiteurs, les gouvernés ont fait des révolutions, les pauvres se sont insurgés contre les riches, mais on n’a rien changé à la situation. On a changé de gouvernants ; en 89 la propriété a changé de maître ; on a fait depuis des révolutions espérant qu’elles fourniraient les moyens de la faire changer encore de mains, les gouvernants oppriment toujours les gouvernés, les riches vivent toujours aux dépens des exploités, il n’y a rien de changé.

Depuis qu’on l’a écrit, on a aussi fait des révolutions, et rien n’a été changé ! C’est qu’il ne s’agit pas de dire et d’écrire que le travailleur est exploité, il faut lui expliquer surtout comment, en changeant de maîtres, il ne cesse pas d’être exploité, et comment, s’il se mettait à la place de ses maîtres, il deviendrait exploiteur à son tour, lais-

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