Page:Gregh - La Beauté de vivre.djvu/155

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Parmi la vaste paix de ce couchant d'automne ;
Rien, ce soir, dans ma chair ne tremble et ne s'étonne,
Et la grande pensée en moi n’est pas amère ;
Et je m’endormirais comme aux bras de ma mère,
S’il fallait m’endormir par ce soir pacifique,
Remerciant la vie étrange et magnifique
D'avoir mêlé ses maux de délices sans nombre,
Souriant au soleil, n’ayant point peur de l’ombre,
Espérant dans la mort d’un espoir invincible :
Car tout ne trompe pas, car il n'est pas possible
Que mes pleurs devant ce beau soir n’aient pas de cause
Et ne répondent pas ailleurs à quelque chose,
Que cette ample beauté si douce et si sereine
Ne couvre pas un peu de bonté souterraine ;
Et que mon âme enfin, douloureuse ou joyeuse,
Mais qui reste pour moi toujours mystérieuse,
Ne cache pas, peut-être au plus secret en elle,
Un mystère de plus qui la fasse éternelle ! »

Novembre 1898.