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Il est là loul entier, mieux encore qu’en la plus complète biographie ou la plus minutieuse analyse de son œuvre.

On verra, par les pages qui vont suivre, quelle vie de probe et fier labeur fut la sienne. Barbey d’Aurevilly n’a jamais connu le repos. Du jour où il s’est livré à ce Minotaure qui s’appelle la Presse, il n’a pas eu un instant de répit. Il a pris part à tous les événements de son temps. Si parfois les circonstances l’ont contraint à se tenir à l’écart, il n’a donné qu’à contre -cœur sa démission momentanée d’homme de lettres et de publicisle. Il a souffert de cette retraite forcée. Sans cesse il réclamait comme un honneur son poste dans la bataille des idées.

Ainsi, les rares lacunes que l’on constate dans la trame serrée de son œuvre de combat, de sa polémique au jour le jour et de sa critique mordante, ne sont pas imputables à la fatigue possible de son tempérament toujours alerte. Il est réduit au silence ; il ne s’y résigne pas, il ne s’en console pas. Il se plaint de son exil, quand il n’est pas sur la brèche. Il a soif d’action toujours et quand même.

Si Ton remarque quelques tâtonnements au début de sa carrière, c’est également au « malheur des temps » qu’il faut les attribuer. Il voudrait que les journaux vinssent le chercher. Ses prétentions aristocratiques répugnent à quémander des faveurs. Du reste, dès qu’il a pris position dans un journal, il ne sait pas s’y maintenir. Il y fait un bruit d’enfer ; il y casse les vitres et en jette les morceaux à la tête de ses ennemis, parfois même de ses amis.