Page:Grellier - De l’empoisonnement par le tabac chez les bêtes bovines.djvu/22

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Cependant, ce ne sont pas là les seules fautes commises par les propriétaires. Lorsque le tabac a passé quelque temps enfermé, soit dans les granges, soit dans les étables et qu’il tend à la moisissure, profitant d’une belle journée de soleil, ils exposent ce produit autour de leur habitation, sur des échafaudages particuliers, sans prendre la précaution de les établir hors de la portée des animaux. Aussi le bétail, venant à sortir des étables ou y rentrant après leur travail, sous la conduite d’un bouvier insouciant, arrache, en passant près de cet étalage, tout ce qu’il peut saisir : quelquefois même il s’arrête, poussé par son avidité pour cette solanée, alors il mange ou plutôt il dévore son butin. Enfin, je citerai une dernière imprudence, mais qui est bien la plus grave. Souvent, après avoir disposé le tabac pour être livré à la manufacture, au lieu d’enfouir dans le fumier les débris qui restent, les propriétaires sont assez inconséquents pour jeter ces débris dans la litière sous les pieds des animaux. M. Dupeyron cite deux faits de ce genre qu’il a lui-même observés. Une fois pris, ce tabac est bientôt dégluti et ses principes actifs ne tardent pas à produire leurs fâcheuses influences. Les propriétaires s’étonnent dès lors d’une mort si rapide et sont loin de l’attribuer à l’ingestion du tabac, car le plus grand nombre ne soupçonnent même pas que cette plante puisse produire de tels effets. Il arrive aussi, lorsque personne n’a été témoin de l’ingestion, que la cause de la mort reste inconnue : on ne doit pas trop s’en étonner, car le traitement du bétail est encore en grande partie entre les mains des empiriques.