Page:Grellier - De l’empoisonnement par le tabac chez les bêtes bovines.djvu/27

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il découvrit le secret de tout ce qui s’était passé. Le rumen contenait encore quelques débris de feuilles de tabac mêlés aux autres substances. Mais où l’animal avait-il pris ces feuilles ? comment expliquer tout ce désordre ? pourquoi ce lit bouleversé ? cette paillasse éventrée et traînée sur la litière ? interrogé à ce sujet, le propriétaire avoua se souvenir qu’il avait caché, depuis longtemps déjà, quelques feuilles de tabac dans la paillasse que le bœuf avait fouillée.

Il a donc fallu que ce bœuf ait été fortement attiré par ce tabac qui cependant était si bien caché au fond de cette paillasse. Ce qu’il y a de plus étrange, c’est qu’à côté se trouvait des betteraves, dont l’animal n’a pas fait cas, puisqu’il n’y avait pas touché. D’où vient donc cette préférence accordée à une substance qui lui sera funeste et qu’il va déterrer, pour ainsi dire, avec beaucoup d’efforts, alors qu’il dédaigne un aliment sain et utile qu’il a à sa portée ? C’est ce que je vais maintenant chercher à expliquer.


2o. Cette appétence pour le tabac paraît particulière au bœuf ; on ne l’observe en effet chez aucune autre espèce herbivore domestique, ni chez le cheval, moins difficile sur le choix des aliments que les bestiaux, dont il mange les restes ramassés dans la crèche, ni même chez la chèvre, dont on connaît les goûts bizarres. On a cherché à expliquer dans quelles conditions elle se montrait, mais les opinions émises à ce sujet sont loin de s’accorder ou du moins d’être complètes ; sans doute il y a du vrai dans l’une comme dans l’autre, mais on a été trop exclusif.