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SONNET D'ADIEU

O Muse, arrête ici ton vol précipité !

Avant de parcourir de nouveau la carrière,

Respire, et laisse-moi regarder en arrière

Le chemin que j’ai fait loin du monde agité.


Ces tranquilles hauteurs où tu m’as transporté

Me rendent ma jeunesse et ma force première :

Mon âme, en s’approchant plus près de la lumière,

A retrouvé l’amour, l’espoir, la liberté.


La terre est sous mes pieds. Nos passions mesquines.

Nos colères d’un jour, nos luttes intestines

Ne sont plus qu’un vain bruit qui se perd à moitié ;


La paix descend du ciel dans mon âme sereine ;

Et, sans perdre ma foi, je dépose la haine ;

Car je n’ai plus au cœur qu’une immense pitié.



1858