Page:Grenier - La Mort du Juif-errant, 1857.djvu/123

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Je revoyais, les yeux fermés, la longue route
Par où l’humanité passe et disparaît toute,
Semblable à ces chemins que l’on trouve au désert
Où seuls des os blanchis laissés à découvert
Marquent de leurs débris, que le chacal profane,
Le pli de sable ardent fait par la caravane.
L’histoire des vieux jours, labyrinthe éternel
Où le monde longtemps ne vit qu’une Babel,
Un chaos qui se cherche, une spirale immense
Qui se détruit toujours et toujours recommence.
Se débrouillait enfin à mes regards confus ;
Et j’admirais de Dieu les desseins préconçus.
Je me disais : « L’insecte a sa route connue ;
Tourné vers l’orient le cygne fend la nue ;
Et l’homme qui se croit maître de son destin
Ne fait que suivre aussi la loi de son instinct.