Page:Gresset - Ver-vert ou le voyage du perroquet de Nevers, 1735.djvu/26

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sans bien songer aux horreurs qu'il prononce,
mon gars répond, avec un ton faquin :
par la corbleu ! Que les nonnes sont folles !
L'histoire dit, qu'il avoit, en chemin,
d'un de la troupe entendu ces paroles.
à ce début, la sœur saint Augustin,
d'un air sucré, voulant le faire taire,
et lui disant : fi donc ! Mon très-cher frere.
Le très-cher frere indocile et mutin,
vous la rima très-richement en tain.
Vive Jesus ! Il est sorcier, ma mere,
reprend la sœur ; juste dieu ! Quel coquin !
Quoi ! C'est donc là ce perroquet divin ?
Ici Ver-Vert, en vrai gibier de greve,
l'apostropha d'un la peste te creve .
Chacune vint pour brider le caquet
du grenadier, chacune eut son paquet ;
turlupinant les jeunes précieuses,
il imitoit leur couroux babillard ;
plus déchaîné sur les vieilles grondeuses,
il bafoüoit leur sermon nazillard :
ce fut bien pis, quand, d'un ton de corsaire,
las, excédé de leurs fades propos,

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bouffi de rage, écumant de colere,
il entonna tous les horribles mots
qu'il avoit sçû rapporter des bateaux ;
jurant, sacrant d' une voix dissoluë,
faisant passer tout l'enfer en revûë,
les b. les f. voltigeoient sur son