Page:Gresset - Ver-vert ou le voyage du perroquet de Nevers, 1735.djvu/8

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c'étoit le nom du personnage)
transplanté là de l'indien rivage,
fut, jeune encor, ne sçachant rien de rien,
au susdit cloître enfermé pour son bien ;
il étoit beau, brillant, leste et volage,
aimable et franc comme on l' st au bel âge ;
né tendre et vif, mais encore innocent ;
bref, digne oiseau d'une si sainte cage,
par son caquet digne d'être en couvent.
Pas n'est besoin, je pense, de décrire,
les soins des sœurs, des nones, c'est tout dire ;
et chaque mere, après son directeur,
n'aimoit rien tant ; même dans plus d'un cœur,
ainsi l'écrit un chroniqueur sincére,
souvent l'oiseau l'emporta sur le pere.
Il partageoit dans ce paisible lieu,
tous les sirops dont le cher pere en Dieu,
grace aux bienfaits des nonettes sucrées,
réconfortoit ses entrailles sacrées.
Objet permis à leur oisif amour,
Ver-Vert étoit l'ame de ce séjour ;

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exceptez-en quelques vieilles dolentes,
des jeunes cœurs jalouses surveillantes,
il étoit cher à toute la maison.
N'étant encor dans l'âge de raison,
libre, il pouvoit et tout dire et tout faire ;
il étoit sûr de charmer et de plaire.
Des bonnes sœurs égayant les travaux,