Page:Groslier - À l’ombre d’Angkor, 1916.djvu/38

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roupement autour du clocher. C’est l’oasis un peu moins rude que la jungle, l’abri contre le fauve. Ce ne sont pas de pauvres travailleurs qui l’habitent, mais de pauvres hommes. Ils récoltent leur riz dans la vase. Les mauvais génies les guettent ; le moustique siffle autour de leur nudité. La moindre plaie suppure et ils l’enveniment encore avec les onguents de leurs sorciers. Ce sont d’abord six mois de sécheresse durant laquelle la terre se fend, les greniers se vident et l’eau manque. Puis viennent six mois de pluies où tout pourrit, où les campagnes sont inondées et où la fièvre, réveillée, s’évapore du sol et traîne sous les arbres.

Certes, les forêts sont superbes, les fleurs énormes, et les soirs magnifiques ! Mais, n’est-ce pas celui qui arrive d’Occident qui a inventé ce mot : exotisme, ne pouvant pas y adapter celui de rustique ? Le riz qui est la seule culture ne monte pas, ainsi que nos blés et nos seigles, comme une promesse. Ce n’est pas l’emblème de la prospérité de ceux qui le sèment, la raison de l’agrandissement des granges, ni la dot des filles. C’est la chose nécessaire, indispensable, l’objet du seul effort de l’homme qui ne veut pas mourir de faim. Sa