Aller au contenu

Page:Groulx - Mes mémoires tome I, 1970.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
premier volume 1878-1915

de pêcheurs s’accrochent péniblement à la bordure de leur ancien pays. J’ai hâte d’arriver à la Pointe-à-l’Église (hélas, aujourd’hui Church Point).

Je n’oublie pas, pendant ce voyage, l’événement dominant de ma vie, le départ de Valleyfield, et mon entrée dans ce grand inconnu, cette terra incognita qu’est pour moi Montréal. J’ai demandé, à Montréal, qu’on dirige ma correspondance vers le Collège des Eudistes de la Pointe-à-l’Église. Y trouverai-je mon exeat impatiemment attendu ? Un Eudiste de ma connaissance, compagnon d’enseignement naguère à Valleyfield, me remet le paquet. Une enveloppe porte au coin : « Archevêché de Montréal ». Je l’ouvre fébrilement. La lettre est signée du grand vicaire, Mgr Émile Roy. Elle m’apprend qu’on vient de recevoir mon exeat ! On ajoute que je peux continuer en paix mon voyage, et rentrer à Montréal dès la fin d’août. Les Eudistes achèvent précisément leur retraite annuelle ; ils montent à la chapelle chanter leur Te Deum. Je montre au Père Villeneuve la lettre tant espérée et je lui dis : « Montons à la chapelle que j’y chante, moi aussi, mon Te Deum. »