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Page:Groulx - Mes mémoires tome I, 1970.djvu/407

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deuxième volume 1915-1920

Cette ignorance a pu s’atténuer depuis notre participation aux deux Grandes Guerres, sur le territoire même de la France. En 1921, nous restons encore, pour l’immense majorité des Français, le grand X, le parfait inconnu. Le 18 octobre 1921, à propos de ce Comité, j’écris à mes parents :

Vous n’êtes pas sans savoir… qu’ici l’on a presque complètement oublié le Canada qui fut pourtant pendant 150 ans une colonie française. Il n’est pas rare qu’on nous dise : « Mais comme vous parlez bien le français pour un Anglais. »

L’origine du Comité, Louis Francœur l’a racontée dans L’Action française (VI : 664-665) :

Ça ne remonte pas très haut… Le 7 octobre, un prêtre canadien venait me voir pour affaires. Ce prêtre était M. l’abbé Lionel Groulx que je n’avais jamais eu l’honneur de rencontrer. Nous causâmes longtemps : je lui exposai cette idée d’un comité de propagande qui depuis longtemps me trotte dans l’esprit. L’éminent professeur voulut bien la juger réalisable. Il me donna rendez-vous pour un jour suivant. Tourné et retourné sous toutes ses faces, le projet prit corps. Et le vendredi 14 octobre, quelques camarades se joignirent à nous pour mettre l’affaire sur pieds. Et voilà l’histoire. Un fait : nous existons, c’est l’essentiel !

En effet, j’étais allé rendre visite à Louis Francœur, ex-bénédictin et ex-secrétaire des Lettres, revue qui avait pour directeur, Gaëtan Bernoville. On m’avait dit ce pauvre Francœur passablement démoralisé, désorienté, battant la semelle dans Paris. On m’avait prié de l’aller voir. Ce 7 octobre 1921, j’étais chez lui. Nous causâmes, en effet, longtemps. Je saisis au vol cette idée de Comité qui me permettrait de le voir plus souvent et qui lui donnerait de quoi s’occuper. Le 14 octobre la fondation était faite. Peu de membres, mais qui promettaient d’être actifs : l’abbé Armand Chaussé, étudiant en sciences, professeur au Collège de Saint-Jean-sur-Richelieu ; l’abbé Alphonse Fortin, licencié ès lettres,